13 novembre 2005

Roberta di Camerino

J'ai eu le privilège entre 1981 et 1985 de rencontrer la célèbre Roberta di Camerino, grande dame de la mode italienne âgée aujourd'hui de 85 ans. Giuliana Coen, de son véritable nom, a commencé pendant la guerre à créer des sacs et des vêtements. revenue à Venise après l'armistice, elle fonda sa maison de couture et e rendit célèbre en créant des modèles devenus fameux, comme le fameux sac Basonghi, adopté par la Princesse Grace puis par de nombreuses célébrités américaines et italiennes. 
 
SAS La Princesse Grace de Monaco à la une de Europeo, avec la borsetta Basonghi en 1959
Elle dessinait sans arrêt et j'allais souvent chez elle, dans son palais, magnifique bâtisse du XVIème siècle, où se croisaient des stylistes, des créateurs de tissus, de jeunes artistes et des hommes d'affaires pas toujours recommandables. C'était l'époque de la loge P3, des mafieux recyclés dans la politique internationale, des politiciens affairistes. Il y avait des gardes du corps à l'entrée. Giuliana était toujours affable. J'étais un peu au début considéré comme le grouillot de la maison d'édition Graziussi. Puis, à force de rencontres, de conversations et surtout après plusieurs soirées à la Fenice ou au Palais Clary, chez le consul, Giuliana, commençant de me prendre en considération, se prit d'amitié pour moi. Contrairement à son mari, Adalberto Sansone qui s'entêta toujours à m'apostropher avec l'épithète (assez péjoratif dans la hiérarchie des titres italiens) de "geometro" pour marquer je ne sais quelle différence... Giukiana me parlait de mille choses, et j'assistais souvent à des scènes truculentes entre son mari, ses assistantes et elle. Bonne fourchette, c'était aussi une excellente cuisinière et autant que je m'en souvienne, elle était membre de notre Academia della cucina italiana, ancêtre du mouvement Slowfood dont je vous reparlerai. Nous avons publié un très joli portfolio en très petit tirage aujourd'hui rarissime, où la Camerino présentait une douzaine de croquis ornés de son célèbre R pour Roberta. La maison continue sans elle, dans le même esprit, avec beaucoup de panache et un peu plus de modestie peut-être, après quelques années sombres. Son logo est présent aux quatre coins du monde mais reste peu en vogue en France.

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