29 août 2011

La bête curieuse

Chesterton a écrit : «C'est une chose que de raconter une entrevue avec une gorgone ou un griffon, une créature qui n'existerait pas.[...] Ce dont souffre le monde moderne, c'est d'un évident déficit d'émerveillement.» souligne Martin Steffens, dans son admirable Petit traité de la joie. Et il continue en écrivant ces lignes que je trouve fondamentales (dans le genre «Mais bon sang, c'est bien sûr, pourquoi n'y ai-je pas pensés plus tôt ?») :
« Preuve en est, le rôle qu'il donne aux loisirs et, plus particulièrement, à cette faculté que nous avons d'imaginer :l'imagination servirait à s'évader, à fuir la réalité, à inventer d'autres mondes. Elle serait une porte sur l'ailleurs, ailleurs dont nous aurions besoin pour ne pas étouffer dans ce monde trop réel. Pour Chesterton, les choses sont différentes : le monde est en lui-même digne de notre émerveillement. Et si nous voulons le fuir, c'est faute de lui prêter attention. Or une telle attention peut nous être donnée par l'imagination : celle-ci porte en elle un pouvoir de déréalisation. Elle oppose à ce qui est ce qui aurait pu être. Ainsi naissent les gorgones et les griffons, les délires et les utopies. Mais cette fuite peut être plus qu'un aller sans retour : vacance de l'attention au réel, cette évasion permet de mieux revenir sur ce qui est, lavés de nos lassitudes. Par elle, il s'agit non tant de voir de nouvelles choses que de voir à nouveau les choses. Comme de s'imaginer un animal aux yeux petits comme des billes mais à la carrure imposante, grise autant que magnifique, dont l'obtuse tête, terminée par une corne et de profonds nasaux, se trouve à la hauteur de pattes rondes et lourdes qui semblent clouer le sol - animal terrifiant, et cependant végétarien... Une gorgone ? Un griffon ? Non point : un rhinocéros. Un quelque chose qui, ayant le malheur de faire partie du monde réel, a été soustrait à notre faculté d'émerveillement. Un quelque chose qui, sitôt qu'on le déréalise, redevient étonnant, impossible, et par là surprenant. Le monde est gorgé d'impossibilités dont nous avons pris l'habitude. Le monde est plein de merveilles auprès desquelles nous avons omis de nous émerveiller.»
Je ne sais pas vous, mais moi, ce texte m'a littéralement bousculé. Comme tout l'ouvrage d'ailleurs que je vous recommande ardemment. Ce fut une des lectures de mon été dans notre presqu'île du Cotentin, dévorées parfois bien installé sur un bon vieux et confortable transat en toile rayée, à l'ombre de notre gros mûrier, avec le parfum des roses anciennes et de l'herbe coupée, sur la plage au milieu du varech avec le cri des mouettes, mais aussi - le plus souvent cette année, hélas - devant la cheminée de la vieille maison où brûlait un grand feu bienvenu.
Martin Steffens
Petit Traité de la joie
Ed. Salvator, 2011
192 pp.


1 commentaire d'origine :
Anne a dit...
 
Merci pour le tableau, la référence et l'extrait bien choisis. Ils donnent envie de lire ce livre. 
 

28 août 2011

Jacopo Tiepolo, gardien de but magré lui

Quel esprit ce J@M. Si vous ne connaissez pas encore son site né il y a quelques mois, allez y jeter un coup d’œil. Ce regard décalé plein d'humour (et d'amour) pour Venise est un souvent un régal, comme la dernière photo postée. Notre Fou de Venise lyonnais est parti à la chasses aux trouvailles, gageons qu'il va ramener de bien belles choses dans les prochains jours ! C'est vrai que l'emplacement du tombeau du doge Jacopo Tiepolo est bien pratique pour les enfants qui s'en servent de cage de but pour leurs parties de foot, d'autres s'y font un refuge, cabane perdue sur une île déserte ou petite maison où les petites filles s'installent pour jouer à la poupée... 

Cela me donne l'idée de lancer un concours de la photo la plus drôle faite à Venise. Qu'en dites-vous ? Nous en reparlerons à la rentrée. En attendant, cliquez sur le titre de ce billet pour accéder directement à son blog et bonne promenade j@mesque

© J@M - Parait qu'à Venise, 2011
 
Le doge Jacopo Tiepolo n'est pas mort sur son trône. il a démissionné après un règne bien rempli, et sa mort survenue quelques semaines après l'élection de son successeur prouverait que l'abdication fut son choix et non la suite d'une déposition. Il se maria deux fois, et sa seconde épouse qui lui donna plusieurs enfants, était une princesse normande des rois de Naples. C'est à lui qu'on doit la promulgation (et l'application) en 1242 du Statuto Veneto, véritable code civil de la Sérénissime, initié par le doge Enrico Dandolo et qui restera en vigueur jusqu'à la chute de la République. Son élection fut l'occasion de nombreuses altercations entre ses partisans et ceux de son adversaire. Le conflit dura de nombreuses années.  
 
Il favorisa l'installation à Venise des Dominicains, à qui il donna les terrains de San Daniele, là où se dresse aujourd'hui San Giovanni e Paolo. Doge démissionnaire, il eut droit à des obsèques d’État mais sa dépouille ne put prendre place à l'intérieur de la basilique. C'est ainsi qu'il repose depuis sur l'un des flancs de l'église et sert de cage à but aux enfants du quartier. Homme de droit, il arbitre certainement les parties du haut de son catafalque. Quand il s'installa à Venise, après avoir été en poste en Crète, il fut accompagné d'une grande quantité de marchands et d'artisans vénitiens, chrétiens et juifs, dont un grand nombre resta à Byzance et y firent souche. 
 
Leurs descendants - dont mes ancêtres paternel - ne quittèrent pour la plupart la Turquie qu'au XXe siècle, quand la révolution de Mustapha Kemal chassa les ressortissants étrangers souvent perçus comme des pilleurs et des profiteurs. Beaucoup de ces vénitiens, devenus italiens au moment du Risorgimento, vivaient aux pieds de la tour de Galata, où se situait l'ancien quartier vénitien.
 

__________

1 Commentaire :
 
liliforcole a dit…

A Venise, paraît d'ailleurs qu'on ne dit plus "tirer un corner" mais "tirer un corno"...
Blague à part, belle image, pleine de vie. Il faut vivre avec son temps.

 

26 août 2011

Le moto ondoso a encore frappé !

Plus de peur que de mal pour les quatre touristes espagnols qui se sont retrouvés dans l'eau de la lagune alors qu'ils s'apprêtaient à faire une promenade en gondole... L'incident qui aurait pu être fatal à ces pauvres gens relancent la polémique sur le tristement fameux «modo ondoso» que la presse française traduit un peu ridiculement par ce qu'on appelle un «effet de houle»
 
La polémique ne date pas d'hier et Tramezzinimag en a souvent parlé. Le moto ondoso, ce sont ces remous très forts, de véritables vagues, provoqués par les bateaux à moteur qui circulent à grande vitesse sur le grand canal. L'équivalent de ces ondes plus ou moins grande force et hauteur, provoquées sur la mer par les vents. La météo marine classent ces ondes qui définissent l'état de la mer sur une échelle allant de 0 (mer calme ou peu agitée) à 9 (violente tempête)... Non seulement ces remous sont dangereux comme le prouve le naufrage de la gondole  non loin du Danieli, mais ils sont une plaie pour les fondations des quais et des palais qu'ils rongent, accélérant la décomposition des pierres et les marbres qui en constituent les fondements, due à la pollution et à la salinité de l'eau. 

Comme l'endroit est très fréquenté, il a été facile de porter secours aux touristes affolés. Tous les gondoliers présents sont intervenus, qui se jetant à l'eau, qui fonçant avec son embarcation vers le lieu de l'accident. Les malheureux ont ainsi pu regagner la berge à la nage. Plus de peur que de mal pour ces gens qui, trempés, ont pris la chose avec beaucoup d'humour et en riant à gorge déployée - une fois les pieds sur la rive - de cette aventure imprévue à leur programme ! Il faut dire que la journée était particulièrement chaude et l'eau de la lagune particulièrement attirante ce jour-là.
 
Les pontons situés devant l'hôtel Danieli, sur la Riva degli Schiavoni ont toujours été considérés par les vénitiens comme particulièrement dangereux, car les barques qui arrivent par le rio voisin se retrouvent aussitôt au contact des remous provoqués par les vaporetti qui accostent par dizaines et à une fréquence très élevée aux débarcadères de la Place Saint Marc. Les pompiers, rapidement alertés, ont indiqué que la gondole a vraisemblablement été soulevée par une vague très rapide provoquée par le passage d'une embarcation à moteur qui passait à trop vive allure à proximité. Le gondolier est tombé le premier, suivi par ses passagers avant que la gondole ne se lève pour retomber ensuite dans l'eau et couler.

Aldo Reato, le président des Bancali, le syndicat des gondoliers, l'a répété aux journalistes accourus sur les lieux « Nous n'arrêtons pas de le dire depuis deux ans à la nouvelle administration municipale, le moto ondoso est un grave problème pour nous. Les deux pontons du Danieli sont les plus dangereux 
 
Pour les gondoliers, la solution consisterait à prolonger les pontons réservés aux gondoles puis il faudrait en suivant changer les débarcadères des vaporetti « pour éviter que les barques se heurtent aux remous créés par les grands bateaux ». Le patron des gondoliers a proposé aussi que, surtout pendant les périodes de grande affluence touristique, soit installé dans cette zone un poste de surveillance permanent contre le moto ondoso. Les policiers concernés auront du travail quand on voit la vitesse à laquelle tout le monde circule à cet endroit !

4 commentaires:

Anne a dit…

La vitesse des bateaux est pourtant surveillée à Venise, nous avons eu l'occasion de le remarquer en visitant la Ca' Foscari cet été. Souhaitons que l'incident ne se reproduise pas et félicitons les touristes et les gondoliers pour leur bonne humeur et leur sang-froid.
Anne

Micha Venaille a dit…

je vous suggère de vous associer au groupe Facebook Fuori le maxinavi dal bacino di San Marco, formé de Vénitiens d'influence, entre autres un ami, Paolo Lanapoppi, à l'origine de la loi qui a fait baisser la vitesse des bateaux dans la lagune ( et quand on navigue avec lui on le voit souffrir en direct quand on est doublés par un taxi à l'instant où on peut lire le chiffre " 7 " sur les pieux de bois!)

Micha a dit…

PS Et mon message est parti avant que je vous dise que vous nous avez manqué cet été.

Nathalie a dit…

Plus de peur que de mal, en effet, mais l'une des quatre personnes ne l'a pas pris si bien que cela et est restée en état de choc pendant plusieurs heures. Espérons qu'un jour il n'y aura pas un véritable drame. Je me souviens qu'il y a deux ans, je crois, c'est une famille qui est tombée à l'eau, au même endroit. Un petit de deux ans est resté coincé sous la gondole et un gondolier s'est jeté à l'eau pour aller le récupérer. On n'est passé loin de la catastrophe cette fois-là. Mais comment faire pour réguler un tel trafic, alors qu'il n'y a pratiquement plus de vigiles pour contrôler la vitesse des bateaux? Alors qu'il y a de plus en plus de touristes pour venir remplir les caisses de la ville, il y a de moins en moins de service public. Plus de vigiles, un service de voierie de plus en plus inexistant- la ville n'a jamais été aussi sale que cet été- on se demande vraiment où passe toute la manne apportée par les touristes.

11 août 2011

La Venise que nous aimons. Chronique gourmande

Quand on rencontre sur la lagune une de ces embarcations traditionnelles au gréement aurique, que l'on appelle aussi gréement latin, et si un heureux hasard fait qu'on navigue soi-même sur un sandolo, si le ciel est clair, les chenaux silencieux, si une cloche au loin se met à sonner et que devant nous des oiseaux s'envolent en poussant leur cri, il est facile de se croire revenu aux temps anciens, quand un peuple laborieux sillonnait les eaux de la lagune pour pêcher, chasser, pour transporter bêtes et marchandises.
 
Aucun des bruits caractéristiques du monde moderne ne vient troubler le silence des eaux. Le glissement des barques, la rame qui s'enfonce dans l'eau, le vent dans les herbes... C'est un bonheur extraordinaire qui se renouvelle à chaque fois. Parfois, lorsque nous faisons halte au beau milieu de nulle part, le vent nous porte des senteurs incroyables, d'herbe et de terre, de fleurs et de vase. Je n'ai jamais retrouvé cela ailleurs, sauf parfois en hiver sur le Bassin d'Arcachon.
 

Ces émotions esthétiques creusent l'appétit. L'humeur exacerbée par tant de sensations, la beauté des lieux, la fatigue aussi, suscitent vers le milieu du jour une ferveur venue de très loin en nous. On est pris soudain d'une envie de nourritures roboratives. Heureux hasard : certains plats traditionnels, mitonnés à l'ancienne, nous attendent à chaque fois. Pasta e fagioli bien sûr, mais aussi Guazzetto de foie de volaille et de champignons, Anguilles marinées,Bigoli au ragoût de canard sauvage, Fritelle et Torta di mandorla... Souvent, nous déjeunions dans une de ces baraques de bois et de briques, bâties sur des îlots il y a longtemps pour la chasse. 
 
Toutes en rondeurs avec la cheminée au centre, elles se dressent au milieu de nulle part. Une vieille cuisinière à bois ronronnait doucement et, très jeune, j'imaginais que le retour d'une expédition polaire, quand l'équipage regagnait l'igloo où attendaient chaleur et nourriture, devait ressembler à cela. Plus tard, à la lecture du festin que l'ami Fritz organise pour ses amis dans le roman d'Erkmann-Chatrian, je ressentais le même plaisir, cette sensation qui vous prend tout entier, réchauffe et apaise. Ces petits riens qui font la vie bonne et le bonheur tranquille. Mais il serait cruel de vous parler de ces plats délicieux sans vous en communiquer la recette. C'est aujourd'hui dimanche, jour où l'on peut s'arrêter un peu et laisser de côté les préoccupations qui nous assaillent et nous empêchent de vivre. Alors, aux fourneaux !

Guazzetto de ma grand-mère
 

Ce plat est très ancien. A l'origine, il était mijoté dans les familles modestes pour utiliser les foies de volailles qui se perdent vite. A l'automne, on utilise les funghi porcini qu'on trouve dans les forêts de Vénétie, il en existe plusieurs variétés toutes très parfumées. Peu à peu, ce plat s'est ennobli, on trouve même des recettes utilisant des truffes blanches, autre produit des forêts de la Sérénissime. Je sers ce plat avec de la polenta. Avant la découverte du maïs, on faisait de la bouillie d'épeautre, de millet ou de pois chiche pour aller avec.

Il faut : 4 à 6 foies de volaille (canard ou autre), 1 gros oignon, 250 à 300 grammes. de cèpes frais ou séchés), 1 gousse d'ail,
du persil, du sel et du poivre et de l'huile d'olive et du beurre frais.

Préparer la polenta, la réservez au chaud. Hacher l'ail et le persil. Tailler les champignons en lamelles au couteau, les faire revenir pendant 5 minutes à la poêle préalablement nappée d'une à deux cuillères d'huile d'olive avec l'ail et le persil. Saler et poivrer. Il faut veiller à ce que les cèpes n'attachent pas et puissent dorer tout en restant mous. Couvrir et réserver au chaud. Découper les foies en lamelles assez fines. Éplucher un oignon. Le mettre à fondre dans une poêle avec un mélange d'huile et de beurre, puis ajouter les lamelles de foie. Saler et p
oivrer. Bien surveiller, et remuer souvent, pour que obtenir un mélange rissolé et non pas grillé. Ajouter ensuite les foies rissolées avec les oignons dans la poêle des cèpes en mélangeant jusqu'à obtenir un ensemble homogène. vérifier la température et s'il le faut remettre à chauffer à feu doux tout en remuant. Le mélange doit être crémeux avec de la sauce. Vérifier l'assaisonnement et servir sur un lit de polenta en purée. décorer avec le reste de persil et d'ail haché. On peut aussi présenter le plat d'une manière plus rustique avec des losanges ou des lanières de polenta grillée et le ragoût à côté. J'ai parfois ajouté de la grappa ou du cognac dans la cuisson des foies, cela donne bien mais ce n'est plus le guazzetto traditionnel.
.
Bigoli au ragoût de canard
 

C'est un des plats les plus raffinés qu'il m'est été donné de goûter à Venise. A ma connaissance un seul restaurant (clandestin ou privé devrais-je dire) le réalisait il y a encore quelques années comme on le faisait chez moi. D'abord parce qu'il faut de l'anatra, la femelle du canard sauvage, à la chair plus tendre que celle du papero, le mâle, toujours plus gras, et que ce gibier se fait plus rare. Et puis parce que les bigoli, cette sorte de spaghetti plus petits et plus épais, ne sont vraiment bons que fabriqués à la maison. Ce sont des pâtes à base d'œuf contrairement aux véritables spaghetti. Pour 700 g de farine, il faut deux œufs, du sel et 10 cl d'eau de source. Comme les vénitiens, j'utilise pour les fabriquer un torchio, appelé aussi communément bigolaro. C'est une sorte d'emporte-pièce muni d'un poussoir-manivelle en bois. Une machine à pâtes pourra faire l'affaire mais la taille sera différente. Autrefois à Venise comme dans les campagnes, tout le monde ne possédait pas cet engin. Les femmes se réunissaient alors chez l'heureux propriétaire de la machine et tout se terminait par un repas festif pris en commun. C'est pour cela que chez les très vieux vénitiens (il en reste encore), les bigoli sont toujours comme un appel à la fête.

Il faut : (pour six à huit personnes), un canard, 1 kg de bigoli, ,2 oignons, 2 gousses d'ail, du romarin frais, du laurier, du persil,
du parmesan fraîchement râpé, 25 cl de bon vin blanc, de l'huile d'olive, du sel et du poivre.

Il faut tout d'abord préparer le canard. On ne conserve ni la peau ni le gras. Ouvrir dans la longueur par le ventre et détacher la chair de la carcasse. Tailler les
morceaux obtenus en petits dés (environ 5 mm de côté). Hacher l'ail, l'oignon, le romarin et le persil. Faire chauffer deux bonnes cuillères à soupe d'huile d'olive, ajouter le hachis ail-oignon-persil. Faire fondre puis ajouter le romarin haché. Mélanger et laisser revenir. Quand le mélange est vert transparent, ajouter les dés de viande et faire revenir en remuant souvent pendant un quart d'heure. Il ne doit plus y avoir de liquide. Quand la viande a pris une jolie couleur , ajouter le vin blanc. Saler et poivrer au moulin. Laisser mijoter quelques minutes en remuant. On reconnaît que le mélange est prêt à la délicieuse odeur qui se répand dans la cuisine. Réservez au chaud. Mettre les bigoli dans un grand faitout d'eau bouillante salée. laisser cuire 10 minutes environ. Prélever les pâtes sans trop les égoutter et les ajouter au ragoût. Mélanger. Ajouter le parmesan râpé et servir aussitôt. Ce plat se mange très chaud.
.

Anguilles marinées 
Voilà un autre plat typique de la lagune qui se retrouve aujourd'hui sur les meilleures tables de Vénétie. C'est je crois l'un des premiers poissons que j'ai goûté à Venise. Auparavant, je ne connaissais que les truites des Pyrénées (encore le souvenir de Fritz Kobus), les soles des brasseries Noailles ou Dubern de mon enfance à Bordeaux. Le souvenir de la mort de ces pauvres bêtes m'horrifiait car elles possèdent une grande force et sont capables de sauter hors du panier toutes seules et continuent longtemps de s'agiter même quand on leur a tranché la tête. Car l'anguille ne se conserve pas plus de 24 heures et elle n'est vraiment goûteuse que cuisinée aussitôt après sa mort. Pauvres bêtes, elles sont tellement délicieuses que leur sacrifice est vite oublié.

Il faut : 1 kg d'anguilles vivantes, une branche de céleri, une gousse d'ail, des oignons, du laurier, 500 g de tomates bien mûres, du vin blanc, de l'huile d'olive, sel et poivre.

La veille de la préparation, enlever la peau des anguilles, les couper en tronçons de 6 à 8 centimètres de long. mettre à mariner le poisson dans un plat creux avec le céleri taillé en bâtonnets, un oignon, l'ail en lamelles, des grains de poivres noir et du
vin blanc. Laisser au frais pendant 24 heures. Le lendemain, saler les morceaux et les mettre à dorer dans une grande poêle avec de l'huile d'olive très chaude. Compter environ 10 à 15 minutes. Couvrir et réserver au chaud. Faire revenir ensuite les oignons hachés à feu très vif avec les tomates coupées en lanières et les feuilles de laurier. Bien remuer pour éviter que le mélange n'attache. Délayer avec un peu d'eau et une cuillère à soupe de vin blanc. Saler et poivrer. Laisser cuire à feu moyen pendant 5 minutes. Passer la sauce au chinois. Disposer dans un plat creux la purée de tomates ainsi obtenue sur le plat, déposer dessus les morceaux d'anguilles, garnir les côtés de carrés ou losanges de polenta bien chaude couverte de beurre et de parmesan râpé, arroser avec la sauce. Un délice !