Le nouveau TraMeZziniMag

Douze ans, ce n'est pas rien. L'âge de raison. Pour une revue traditionnelle, le temps d'asseoir sa notoriété, de déployer ses orientations et ses choix. Le temps qu'il faut pour connaître les attentes des lecteurs et bien choisir ses collaborateurs. Pour certains magazines trop ambitieux ou pas assez, c'est plus de temps qu'il n'en faut pour s'effondrer et mourir. On a vu disparaitre bien des titres au contenu prometteur, bourrés de trouvailles et d'idées et dotés de plumes talentueuses. Puis le web est arrivé et avec lui mille possibilités nouvelles qu'on n'aurait oser imaginer il y a encore trente ans. 

L'information circule instantanément, les images se répandent par millions et on peut désormais s'adresser au monde entier  depuis le plus petit coin perdu de la planète. Encore faut-il que le message ne soit pas brouillé tellement il y a d'informations en circulation. Du vrai et du faux, de bon et du mauvais. Le plus souvent de l'à peu-près et du sensationnel. ce qui attire l’œil ou l'oreille. Pas ce qui aide à réfléchir ni à penser. Cette liberté nouvelle pourrait bien n'être finalement qu'une aliénation terriblement pernicieuse qui en évitant aux gens de trop penser par eux-mêmes, les conditionne sans violence ni contrainte apparente, en de tendres petits moutons dont on peut bien vite manipuler à distance les choix, les opinions, les approbations ou les refus. La dernière campagne présidentielle américaine, la nôtre en France, d'autres ailleurs aussi en sont la confirmation. Jacques Ellul évoquait la Propagande quant nous préférons entendre Communication. Goebbels fait moins rock n'roll que Séguéla après tout. Mais la manipulation reste toujours la manipulation.

Quand, en 2005, pressé par des amis qui me voyaient m'étioler après un divorce non souhaité et quatre enfants dévastés, m'ont offert un voyage à Venise où je n'avais plus été depuis de longs mois. Belle idée dont je ne cesserai jamais de les remercier. Je décidais de ne pas y retourner seul, mais d'amener mes quatre petits que j'avais rêvé de voir naître sur le sol vénitien. Les jours que nous passâmes ensemble dans la vieille maison de la Toletta (plutôt dans le grand jardin, en fait) donnèrent naissance à un journal de voyage et, au retour, à plusieurs causeries organisées chez ces mêmes amis. 
 
J'y montrais une Venise toujours aussi merveilleuse et magique, mais blessée et presque à l'agonie. J'essayais d'expliquer combien le tourisme de masse, les grands navires de croisière, et mille autres raisons toutes liées à la mondialisation, à cette main-mise du profit sur les mentalités. Venise depuis longtemps se fait battre par le bâton qu'elle a elle-même su fourbir dans son glorieux passé. Les traders new-yorkais qui ont fait naître la cris des subprimes sont les enfants des marchands et des financiers de la Sérénissime au temps de sa toute puissance.Ne dit-on pas que Venise fut le New-York médiéval ?

Bref, l'idée de développer tout cela en ligne en lançant un blog, outil naissant auprès du grand public dans ces années-là, est la suite logique de mon divorce et d'un voyage-cadeau d'anniversaire. TraMeZziniMag était né. Un nom compliqué pour ceux qui ne sont jamais venus à Venise, un doux mélange de textes personnels, de notes intimes, de compte-rendus d'exposition et de faits d'histoire, le tout sur un ton qui se mit en place tout seul, firent du blog le numéro Un sur le sujet, le premier dans son genre aussi, puisque suivirent bientôt des tas de sites et de blogs tous portés par le même amour pour Venise que cette communauté partage. 
 
Mais tout va très vite de nos jours, et particulièrement sur la Toile. Le public se lasse vite, papillonne de plus en plus et s'intéresse de moins en moins aux longs développements ; la tendance n'est plus aux longues heures passées dans le merveilleux silence d'une bibliothèque, mais devant un écran d'ordinateur, des écouteurs sur les oreilles. On préfère le zapping. Dans tous les domaines, il faut du neuf, du sensationnel, du frappant et... du court. Bref tout le contraire de ce qui m'intéresse. Mais il faut s'adapter. Tramezzinimag a ainsi rejoint Twitter, Pinterest, Facebook, Instagram. Aujourd'hui, il m'a semblé nécessaire de refonder le site en essayant, avec mes lecteurs, d'en faire une revue , ce magazine que j'ai toujours cherché à promouvoir, afin de continuer ce travail de défense et d'illustration de Venise et de sa civilisation. Afin de demeurer l'un des relais reconnus de la vie à Venise et par ricochet un outil pour la défendre et la préserver.

Le web-magazine que vous pouvez parcourir depuis quelques semaines demeure en gestation. Un simple pilote. Un avant-premier numéro. Vos  critiques, vos idées et suggestions sont donc attendues avec impatience. Abonnés de longue date, amis fidèles ou nouveaux lecteurs, votre avis est fondamental. TraMezziniMag n'a pas d'autre raison d'être que ses lecteurs et nos objectifs sont clairs : contribuer, avec modestie, à faire aimer cette ville comme il faut, à la protéger des conséquences du tourisme de masse. 

Avec le TramezziniMag nouvelle formule, nous allons préparer aussi le déploiement de la maison d'édition qui sera consacrée à Venise et aux vénitiens. Nous avançons pas à pas. Nous en reparlerons très prochainement. 

En attendant, bonne lecture et bonne fin de semaine à tous !

Lorenzo

6 commentaires:

  1. Magnifique ! Quelle jolie peau neuve...

    RépondreSupprimer
  2. Hypnotisée par Venise et maintenant sous le charme de ce tramezzinimag !

    j'adopte <3

    RépondreSupprimer
  3. c'est un endroit où je suis beaucoup venue, désormais moins, je n'arrive plus à lire correctement ce blanc en surbrillance sur le noir et je l'ai déjà signalé plusieurs fois, c'est vraiment dommage.

    RépondreSupprimer
  4. Je reviens de Venise, un premier séjour; émerveillée et à la fois inquiète de son devenir.
    Merci pour les commentaires fournis sur la maison où Goethe a séjourné en 1790.

    RépondreSupprimer
  5. Je lis régulièrement avec plaisir vos chroniques. Et j'ai l'immodestie de vous signaaler que j'ai publié il y a quelque mois un livre sur la Venise du premier vingtième siècle avec Giuseppe Volpi comme fil conducteur (Volpi, prince de la Venise moderne, ed Michel de Maule). Si cela vous intéresse je peux vous le faire parvenir. Je retourne à Venise le 17 septembre, peut-être nous verrons nous aux Crociferi que j'apprécie également...
    En tout cas je continuerai à vous lire.
    Bernard Poulet

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bernard Poulet, merci d'avance : c'est avec plaisir que je lirai votre ouvrage. Nous ne nous sommes pas encore croisés à Venise. j'y serai en novembre et en décembre (un peu) puis en janvier après les fêtes. La ville sera peut-être un peu plus tranquille... Vous avez mon mail : tramezzinimag@yahoo.it. Bien cordialement

      Supprimer

Vos commentaires :