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30 août 2023

Se chiama Venezia e canta bene / Il se nomme Venezia et chante bien !


Les hasards du net. Mon moteur de recherche joue son rôle d'informateur-rabatteur et m'envoie parfois, parmi la foule de choses inutiles que son intelligence (tellement artificielle) pense devoir m'intéresser a eu du nez cette fois. Un lien vers un -à la belle voix de son temps, une musique qui emballerait même les plus réticents, des paroles intelligentes et pratiquement aucune information sur le type. Il se fait appeler Venezia et on trouve sur Spotify deux morceaux. Il apparait aussi, enfin sa voix, dans un titre d'un certain Marco. Pas mal aussi musicalement et tout aussi peu d'information sur l'artiste. Je n'ai guère plus à vous mettre sous la dent. Ces jeunes gens aiment ce qu'ils font mais restent discrets et visiblement loin de toute arrière-pensée commerciale. Nous ne pouvons que les en féliciter à tramezzinimag.

 

Si les éditions Deltæ parvenaient à avoir pignon sur rue à Venise, avec la galerie-librairie Page Blanche - dont il faudrait peut-être traduire le nom sur le principe incontournable du «when in Rome do as the romans do» inventé par les anglais qui ne respectent pas souvent cette règle (*) - nous l'inviterions pour faire connaître sa musique dans nos locaux et s'il a publié des CDs, on les commercialiserait à l'occasion d'une exposition ou d'un évènement. 

Peut-être serait-il invité du coup par ces autres brillants jeunes gens, vénitiens 100% appellation d'origine, d'Indiemoon qui ont lancé il y a quelques années avec l'association Il Caicio, des sessions musicales sur le modèle des Black Cab Session américaines. Mais, au lieu de faire joue des musiciens en direct depuis une limousine dans les rues de New York ils ont eu l'idée de les faire jouer en bateau sur la lagune. Tramezzinimag en a parlé il y a quelques années, à l'époque de l'émission Détours de la RTS réalisée par mon ami Antoine Lalanne-Desmet (ICI).

A vos oreillettes et vous verrez que ces morceaux très contemporains sont de belle qualité. en tout cas ils ont un succès certains chez les jeunes, l'été sur les plages vénitiennes (et d'ailleurs) et le soir dans les bars. Vous nous donnerez votre avis.

Notes

(*) Ces sacrés insulaires qui ont bien des points communs avec les vénitiens - des insulaires aussi qui prétendent pourtant - j'ai toujours soutenu leur position - que «si on démontait le ponte della Libertà, l'Europe deviendrait une île !»

12 février 2023

Silvana Scarpa, de Venise à Bordeaux

Octobre 1985, l'association dont j'étais le jeune fondateur, organisait la Première Semaine de Venise à Bordeaux, sous l'égide de la Ville de Bordeaux et de la Ville de Venise, de l'association France-Italie, de la Dante Alighieri et sous la présidence d'honneur du marquis de Lur-Saluces, alors propriétaire du Château Yquem. Parmi les artistes invités, plusieurs femmes dont Silvana Scarpa, dont j'avais fait la connaissance lors d'une exposition à la Galerie du campo San Fantin, en face de la Fenice, où j'avais été embauché comme assistant du maître des lieux, le fringant Giuliano Graziussi, qui m'a appris les usages (et les ficelles) de la profession.
 

Silvana Scarpa présenta un échantillon de son travail à la galerie Présidence, magnifique local aujourd'hui disparu, animé par un homme sympathique et accueillant, Serge Sarkissian
 
Vernissage de l'exposition. De gauche à droite : Augusto salvadori, Silvana Scarpa, Christian Calvy, Micheline Chaban-Delmas, un comédien, Nicole Noé et moi-même
 
Comme tous les évènements de cette Première semaine de Venise à Bordeaux (il n'y en eut pas de seconde...), les participants étaient entourés par une troupe locale de jeunes acteurs de la Commedia dell'Arte, I Tre Gobbi dirigée avec maestria le regretté Patrice Saunier, disparu prématurément en 2013 (Cf. Journal Sud-Ouest) Mais qui se souvient désormais de toute cette belle compagnie de femmes et d'hommes sensibles à l'art et à la poésie, à la beauté et à l'amitié ? C'était il y a presque quarante ans... 
 

Un montage vidéoexiste encore sur YouTube, dans lequel sont quelques images du vernissage de l'exposition, inaugurée par Micheline Chaban-Delmas, en présence de l'ambassadeur d'Italie à Paris, du consul général à Bordeaux, du maire adjoint de Venise, l'avocat Augusto Salvadori, le consul général de France à Venise, et une pléthore d'officiels.
 

16 octobre 2022

Quoi de neuf à Venise ?

 
Je revenais l'autre jeudi d'une réunion à Montauban. Ne conduisant pas, mes déplacements depuis toujours se font le plus souvent en train. Pour m'y rendre, j'ai dû changer à Marmande, petite ville pittoresque. Par chance - il était à peine 9 heures du matin - le magasin de journaux de la gare était ouvert. C'est le supplément du Figaro qui retint mon attention, un numéro entier consacré à la "Venise éternelle"...
 
J'avais un peu moins d'une heure avant ma correspondance. Trouver un café ouvert si tôt le matin fut assez compliqué, la gare en travaux avait peut-être ou aura une brasserie comme toutes les gares se doivent d'en avoir, mais en l'occurrence rien en dehors d'un automate distributeur de boissons ou de sucreries. Et c'est en face que j'ai trouvé un débit de tabacs avec quelques tables à l'extérieur. 

Curieux comme en France, les gens commencent tard leur journée. En Italie, et notamment à Venise, on peut trouver dès avant 7 heures un endroit pour se restaurer, boire un café et manger une brioche. A Marmande avant 10 heures, il n'y a que ce Bar-Tabacs un peu glauque. Au moins le café était chaud, la tenancière aimable et les consommateurs matutinaux, déjà au Ricard pour certains et tous venus gratter un de ces tickets qui peuvent en un coup d'ongle changer la vie des joueurs. Deux vieux italiens
étaient attablés juste à côté de moi. Immigrés venus soixante ans plus tôt du Trentin. La conversation s'engagea vite quand ils virent la couverture de la revue. Ils ont quitté la Vénétie avec leurs parents alors qu'ils portaient encore des culottes courtes. L'un d'entre eux se souvenait de ses vacances chez un oncle à Jesolo. On a parlé de la lagune, de ses bateaux. C'était sympathique.

En évoquant cette rencontre inopinée, je m'apprêtais à rédiger un billet sur les embarcations vénitiennes. Le hasard d'une conversation tout à l'heure avec une amie, fidèle lectrice du blog et soutien des premiers jours qui en revenait, m'a rappelé que ce dimanche était le jour de la grande régate des gréements traditionnels, notamment de la régate al terzo (au tiers), - c'est-à dire des voiles auriques - très attendue et très belle surtout quand, comme ce dimanche, le temps est magnifique et l'air très doux. Cette course existe depuis une quinzaine d'année.


L'édition 2022 de la «Veleziana » ( la XVe), s'est donc tenue aujourd'hui à Venise, dans le Bassin de San Marco, du côté de l'Arsenal, face à la Biennale d'art contemporain qui entame son dernier mois d'ouverture. Cette régate et le grand évènement automnal pour la plaisance à Venise, grand moment pour les amateurs de voile hauturière est organisée par la Compagnia della Vela, dans le cadre du programme de « Le Città in Festa », réunissait plus de 250 participants qui se sont affrontés dans les eaux de la lagune. 
 
La Veleziana clôt une semaine importante pour la navigation dans le nord de l'Adriatique. Elle suit la Barcolana de Trieste, formant une combinaison d'événements attractifs qui attirent beaucoup de monde, tant du côté des participants que des spectateurs. Outre les professionnels de la voile, de nombreux passionnés se pressaient sur la ligne de départ ce dimanche matin à 11h,  au Lido, pour une arrivée au bout du bassin de San Marco. Les bateaux arrivés vendredi et samedi étaient amarrés pour la première fois à l'intérieur de l'Arsenal, où se tenait hier soir la soirée des équipages qui a été une belle réussite. 
 
Trois autres événements de voile étaient également prévus ce week-end. Vendredi les bateaux participants à la course Trieste-Venise, baptisée «Deux villes, une mer », (régate au large organisée en partenariat avec le Yacht Club Adriaco) sont arrivés à Venise. Puis samedi, plus de 60 Dinghy 12 ont participé à la IVème édition de la Veleziana Dinghy 12' Cup, co-organisée avec l'Associazione Velica Lido. Pour cet événement, jusqu'à 5 tests ont eu lieu dans le plan d'eau devant le siège de l'association Lidense et, à la fin, en plus des trois prix du classement, était décerné également le Prix Master (65 ans et plus), le Prix Super Master (à partir de 75 ans), le Prix Legend (à partir de 80 ans) et la Prix Féminin. Puis ce fut le tour de la course toujours très attendue, la course dédiée aux gréements auriques traditionnels, les splendides voiles au tiers (Vela al terzo) pour un défi qui leur est dédié, la fameuse Veleziana al Terzo.
 




[Crédits photographiques © Catherine Hédouin, 2022 pour les photos 3, 4, 5, 6]

24 juillet 2021

Venise autrement dans Détours, c'était il y a cinq ans déjà !

 
Avec Antoine Lalanne-Desmet, alors reporteur à RFI et pour la RTS, nous avions passé un joli moment à Venise comme deux bons amis savent et aiment le faire. Cela donna ce reportage présenté en deux fois sur les antennes de la Radio Télévision Suisse. A réécouter l'émission (on ne trouve plus en podcast que le 2e volet apparemment sur le site mais vous pouvez le consulter en allant sur le billet du 23/07/2016 ICI), je me rends compte combien j'ai l'air morose et agacé. Pauvre Antoine qui dut subir ma ronchonnerie au quotidien. Mais il faisait beau, sa bonne humeur résista et notre amitié n'a jamais souffert de nos deux forts caractères. Qu'il en soit remercié au passage. 
 
Aujourd'hui, cinq ans et quelques semaines plus tard,il y aurait des tas d'autres choses à dire. Au sujet des Maxi Navi et de l'Unesco, des errements de l'équipe municipale peu imaginative culturellement et surtout préoccupée par son tiroir-caisse, dont le remplissage est un gage de réussite lors des futures élections mais pas d'un grand intérêt pour la sauvegarde de la ville. 
 
Aujourd'hui, s'il devait y avoir un troisième épisode, il faudrait parler et faire parler les étudiants de plus en plus nombreux, les migrants qui s'intègrent plutôt bien dans leur grande majorité et enregistrer les souvenirs et les anecdotes des vieux vénitiens, ceux qui ont connu les années d'après-guerre, les gars de la MP américaine (Military Police). Garder en mémoire ce que fut la Venise de la génération de mes parents.
 
 

29 mai 2021

Alessandro, le voleur de livres


« Appelez-moi Alexandre, comme Alexandre le Grand ». Ce n'est pas par mégalomanie que l'homme qui a ainsi souhaité conserver l'anonymat demande à se faire appeler du nom du grand empereur. Seuls les carabiniers de Dolo, près de Venise connaissaient sa véritable identité, depuis qu'ils l'ont interpelé un jour par hasard.  Notre Alexandre n'est pas un chef de guerre, pas un espion ou un repenti de la maffia, ni un transfuge de l'Est. C'est plutôt un rat... de bibliothèque, un fanatique, un amateur de livres. Mais sa passion, il l'assouvissait d'une manière pour le moins surprenante.

La maréchaussée a découvert un jour chez lui plus d'un millier d'ouvrages dont la valeur est estimée à 80.000 euros. Essentiellement des titres scientifiques et universitaires, dont certains assez rares. Alexandre avait peu à peu constitué cette impressionnante bibliothèque en empruntant aux bibliothèques publiques de Vénétie, les livres sur lesquels il jetait son dévolu, sans jamais remplir une fiche de prêt. C'est celle de Mestre qui a lancé l'alerte. Mais cela aurait pu être aussi celle de Padoue, de Vicence ou de Mogliano, et à Venise, la Marciana, toutes ces institutions ayant vu leurs rayons s'alléger d'un grand nombre d'ouvrages. 

N'est-ce pas un joli sujet de scénario ou de nouvelle ? Mais se pose tout de même un petit problème éthique. La morale est dans l'ADN de Tramezzinimag et si aimer les livres à la passion, les voler ou les subtiliser pour son plaisir personnel au détriment des autres est difficilement admissible. Cherchons cependant des circonstances atténuantes à ce bibliomane. Rester dans la bienveillance et chercher à comprendre, c'est aussi dans notre ADN...

Au-delà de la valeur marchande de cette bibliothèque, des motivations profondes de notre Alexandre, il y a le livre. La magie, la fascination pour cet objet unique. Notre homme aime les livres, il les adore même, et rien dans ses actes ne peut être associé à de la malveillance, aucune intention de nuire, pas le moindre esprit de lucre. La passion, point.
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Le jour où la police l'a arrêté, il portait sans son sac à dos, trois livres qu’il venait de sortir clandestinement de la bibliothèque municipale de Mestre.: il n’avait pas demandé à les emprunter bien sûr. Les policiers ont constaté qu'il avait déjà retiré les antivols. Les policiers s'étant invités chez notre héros, ils ont pu découvrir dans son modeste appartement, une incroyable collection dédié à la chimie, la physique, les mathématiques,…), mais aussi des biographies et un choix très éclectique d'ouvrages d'histoire (de l’amiral Nelson aux monographies sur les Balkans et le Troisième Reich). Il y avait même plusieurs encyclopédies, toutes complètes.

L’homme avait construit une véritable bibliothèque personnelle. Les livres sont classés selon un système qui semble regrouper les volumes selon leur provenance, c’est-à-dire en indiquant la bibliothèque où l’ouvrage avait été emprunté. Les policiers ont trouvé pour chaque étagère une étiquette portant le nom d'une bibliothèque publique, "Ca Foscari", "Civica Mestre", "Marciana"... 

Le voleur de livres de Alessandro Tota et Pierre Van Hove

Voleur de culture 
Mais quel profil se cache derrière Alexandre s'interrogèrent les policiers ? On sait si peu de choses sur lui. Qu'il a 48 ans, qu'il est diplômé en chimie industrielle, qu'il n'a pas pu faire sa thèse, qu'il a travaillé comme assistant technique pour une université en Vénétie. Il raconte au Corriere del Veneto pourquoi il a volé tous ces livres. Il rêvait de construire une bibliothèque de qualité, pour combler un sentiment d’échec personnel, mais aussi pour l’amour de la culture : « Je n’ai rien accompli dans la vie », affirme-t-il ainsi. « Pourtant, tout d’un coup, je me suis retrouvé à construire, pièce par pièce,chez moi quelque chose d’aussi beau qu’une bibliothèque. J’aime l’odeur des livres, en feuilletant les pages. Mais par-dessus tout, j’aime apprendre. Je les ai tous lus, ces plus de mille tomes tirés des bibliothèques. »

Il le reconnaît lui-même, tout cela fait penser à du fétichisme, mais il préfère définir - justifier ? - son acte comme « un amour immense et sans limites pour tout ce que ces volumes contiennent ». C'est vraiment par amour de la connaissance qu'il se serait laissé aller à ce délit culturel. Mais aussi pour l'odeur des livres, leur masse le long des rayonnages. Tous les amoureux des livres comprendront. S'il avait été traduit en justice et que le juge, le procureur et les jurés s'avéraient des amateurs le livres, de fins bibliotphiles et de dévoreurs de pages, il ressortirait du tribunal avec un simple rappel du principe fondamental : « Tu ne voleras point ! » puis serrait applaudi pour son amour des livres. Signalons au passage qu'aucun des ouvrages n'avait été endommagé et qu'il expliquait les épousseter souvent en les manipulant avec respect...

Et pourtant, il affirme qu’il aurait voulu s’arrêter, mais qu’il n’arrivait pas.« Je ne pouvais plus m’arrêter. Mais, j’avais tout de même étudié un plan pour rendre les volumes.». Il projetait de les emmener dans une ferme abandonnée. Une fois les volumes bien alignés, il avait prévu d'appeler, depuis une des rares cabines téléphoniques encore actives. il en avait repéré une loin de toute habitation et donc des caméras de surveillance,  « j’aurais passé un coup de fil anonyme pour permettre de les retrouver. » Ce qui posait problème, c'était de transporter les livres dans la vieille maison. on ne sort pas facilement un millier de livres, dont certains de grand format... Il n'aura pas eu le temps - peut-être manquait-il d'assez de volonté pour passer à l'acte - de le faire et la police locale, cette fois, est arrivée avant lui.

Le voleur de culture n’a pas pour autant abandonné son rêve : « Tôt ou tard, je pourrai construire ma propre bibliothèque — affirme-t-il — mais cette fois, sans voler ». Il vient en effet de trouver un travail et il espère dépenser son salaire dans l’acquisition de livres. «il y en a tellement à lire !»

18 décembre 2020

"Mascherata à Venise", non pas le titre d'une comédie, mais le récit en image d'un nouveau quotidien...

Her Gracious Majesty porte avec autant d'élégance le masque obligé et contraint que sa couronne. Comme la reine, des milliards d'êtres humains sont ainsi affublés d'un morceau de tissu plus ou moins esthétique et ce depuis des mois maintenant. Si nous parlions des masques justement ?

Qui l'aurait dit il y a un an ? Nous étions nombreux à nous gausser des asiatiques portant ces masques de protection dans les rues de leurs villes mais aussi chez nous, quand ils venaient visiter les trésors de notre civilisation. une autre culture disait-on, mi-moqueurs, mi-admiratifs. Voilà l'humanité entière ou presque affublée du matin au soir (et pour certains du soir au matin), on aura même entendu certains hauts responsables conseiller le port du masque jusque chez soi, sait-on jamais... La mascarade s'est ainsi répandue partout pour devenir une pose commune à tous. Mais j'entends déjà certains de mes lecteurs imaginer que mes propos sont ironiques et critiques. Donc, avant tout, regardons de plus près le ou les sens du mot qui nous vient de l'italien mascherata. L'Académie Française, dans son dictionnaire nous livre les définitions suivantes :

MASCARADE (nom féminin), XVIe siècle. Emprunté de l’italien mascherata, 1.(Anciennement). Divertissement d’origine italienne où des personnages masqués jouaient une sorte de comédie-ballet ; pièce de vers composée pour un tel divertissement. 2. Divertissement dont les participants sont costumés et masqués. Les mascarades du carnaval.Par métonymie : Troupe ou défilé de gens déguisés et masqués. Regarder passer une joyeuse mascarade. 3.Fig. et péj. Se dit d’une chose, d’un évènement dont on entend dénoncer le caractère fallacieux, le ridicule, qui est une grossière imposture. Ce procès ne fut qu’une mascarade.

Ainsi les trois sens donnés en France au mot mascarade (et peu ou prou en italien) conviennent bien à cette nouvelle tendance un tantinet forcée par nos dirigeants par prudence. Mascarade, les premiers discours qui prétendaient que le masque était inutile voire même dangereux... N'envisageaient-ils pas à l'époque d'en interdire l'usage et de sévir les contrevenants... Après tout, la loi dans la plupart des pays d'occident et notamment en France et en Italie, interdit depuis longtemps le port d'un masque dans les lieux publics où la sécurité de tous oblige à se montrer à visage découvert. Ambiguïté...

Puis l'évidence (et la pression des scientifiques consultés et bien en cour) a fait changé le discours et tout le monde s'est mis au masque. Cela a relancé l'activité de milliers de petits ateliers de couture qui nous permettent de croiser de biens jolis masques dans de superbes tissus, d'autres d'assez mauvais goûts hélas aussi. On ne se refait pas. En France on en vend jusque sur le site de la Poste qui n'est plus un service public comme chacun le sait mais une entreprise privée obligée de déployer mille idées pour faire rentrer de l'argent. Tiens voilà le mot lâché, l'argent a quelque chose à voir avec le port du masque... Certes on ne peut que regretter de devoir deviner si derrière la toile, il y a un joli minois qui désormais ne se montre que dans la sphère privée. Droits réservés pour quelques privilégiés. De quoi satisfaire finalement les religieux, adeptes - ou partisans - des corps que l'on cache aux yeux de tous. Aux yeux des autres... Comment s'en prendre aux femmes voilées maintenant que tous, sans distinction d'âge et de sexe, arpente la vie le visage à moitié caché ? Nulle hypocrisie en revanche dans cette manière de sortir masqué. 

On peut choisir de voir les choses différemment (et dans la bonne humeur) : ce masque fait travailler l'imagination, et puis, il nous oblige à mieux regarder la partie restée offerte : le haut du visage. Front, regard, toute une partie toujours très belle et qui nous ferait tomber amoureux de toutes les personnes croisées dans la rue, de 6 heures à 20 heures bien sûr pour ne pas être en effraction.

 

Mon amie, la photographe Catherine Hédouin, que beaucoup d'entre vous connaissent, m'avait envoyé quelques clichés pris au hasard de ses promenades. «Bloquée» à Venise pour son plus grand bonheur depuis février dernier, elle a eu tout le temps d'observer les vénitiens puis, avec le retour d'une semi-liberté démocratique, les quelques touristes qui parvenaient à passer le pont de la Liberté pour arpenter de nouveau en masse (réduite) calle e campi de la Sérénissime. Depuis la fin du confinement qui fut long et rigoureux à Venise, voici un aperçu de la sfilata delle mascherine, un nouvel accessoire vestimentaire. Appelons cette exposition virtuelle, «le défilé des masques». Régalez-vous de ces impromptus de vie quotidienne à Venise :

Mes propos ne visent pas à imposer à mes lecteurs (dubitatifs derrière leur masque quant à la manière d'interpréter mes propos), l'une ou l'autre des définitions que donne au mot mascarade la vénérable Académie. Certainement pas la troisième. Du moins, il est trop tôt pour faire ce genre de constat et seul le temps montrera qui avait raison. Les adeptes du masque parmi ceux qui nous dirigent s'y sont soumis finalement de bonne grâce quand d'autres demeurent sceptiques d'autres encore rétifs et braqués, mais puisqu'il s'agit de la santé pour tous et de la vie pour quelques uns, le sujet est politique. Pour être au pouvoir et s'y maintenir, il vaut mieux éviter de perdre trop d'électeurs et puis faire voter les morts n'est plus vraiment une méthode à la mode. Mediapart veille... Mais ce qui compte dans ces temps bizarroïdes où la morosité se répand partout et commence de faire des dégâts chez certains esprits fragiles, c'est d'essayer de voir ce qu'il y a de positif dans ces temps. Le masque justement : ne trouvez vous pas qu'en transformant l'apparence de chacun, il pimente un peu le quotidien et pour peu qu'on y réfléchisse, il peut ensoleiller nos jours. Masqués, nous sommes tous attirants. jeunes ou vieux, beaux ou laids, le peu qu'il nous est donné de voir de l'autre est désormais toujours agréable. Faites-en l'expérience la prochaine fois que vous serez dans la rue : Le haut du visage est rarement repoussant, jamais hideux. Comme un jeu, l'imagination se déploie et on imagine un visage parfait, la beauté absolue dont on rêve sans jamais l'avoir jamais trouvée encore. On remarque mieux la beauté d'un oeil qui s'éclaire pour sourire ou saluer. C'est tout de suite sympathique. On se sent apaisé et on rêve. Bien sûr, parfois quand le masque tombe, il y a souvent déception, mais parfois non et c'est bon. 

Il vous faut trouver là le pourquoi du comment qui présida à l'idée de ce billet. Juste un prétexte pour justifier la diffusion sur Tramezzinimag de tous ces visages masqués que Catherine a surpris au fil des rues et des ponts où elle s'est promenée pendant ses mois de séjour forcé à Venise (je ne la plains pas bien que je comprenne sa joie d'avoir pu finalement rentrer en France). Assumer ce goût pour un certain voyeurisme qu'à Venise nous pratiquons tous, di solito(*), depuis les terrasses des cafés, sur les Zattere, ou sur la Riva dei Schiavoni, depuis un banc le long de la promenade qui jouxte le palais royal ou du côté des Giardini, ce plaisir innocent qui nous fait regarder les passants... Aujourd'hui, les cafés fermés et le terrasses interdites, ces visages masqués que nous croisons, sont une bien jolie mascarade, merveilleuse boîte à rêves pour nous aider à patienter, jusqu'à des jours meilleurs...

(*) : d'habitude















Photographies de © Catherine Hedouin - Venise 2020 - Tous Droits Réservés.

21 septembre 2020

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 39) : La Venise au fil des jours : les "scènes ordinaires" de Marantegram


Les vénitiens sont presque toujours un peu poètes. La promiscuité avec autant de beauté, la luminothérapie naturelle et le rythme obligé qui fait l'allure des passants bien plus belle qu'ailleurs, l'absence d'automobiles et de deux roues, tout concourt à créer chez eux une conscience des images du quotidien toujours très pertinente. 
 
Cela a donné depuis l'invention de cet art, de grands photographes professionnels. mais aussi parmi les amateurs, vrais vénitiens de Venise ou vénitiens d'adoption et de cœur, de véritables artistes au regard acéré. Marantegram dispense depuis quelques mois sur Instagram des instantanés du quotidien qui sont un régal. Du baume au cœur des absents. 
 
Tramezzinimag souhaitait rendre à ce photographe dont ne connaissant ni le sexe ni le patronyme, nous souhaitons préserver l'anonymat sauf à ce que nous soyons autorisés à en dire plus, un hommage chaleureux en présentant quelques uns des images publiées sur Instagram. 
 
© Marantegram Venezia 2020


© Marantegram Venezia 2020
 
 
© Marantegram Venezia 2020




25 juin 2020

En hommage à Baptiste Marle, quelques mots, des photos et une chanson...

Baptiste sur le Campo Santa Maria Formosa, aux pieds de la maison
Baptiste était un jeune ami qui a quitté ce monde trop tôt, trop jeune et nous laisse un peu perdus, nous tous qui avons passé trop peu de temps avec lui. Nous nous étions rencontrés alors qu'il n'avait pas vingt ans et cherchait quelqu'un disposé à le préparer au concours de sciences po. Il se savait déjà malade. Peu à peu je suis devenu son mentor comme il aimait à dire en parlant de moi que sa famille nommait un peu péjorativement"le professeur"

Sur la Piazza, à un concert des Virtuosi et di notte devant San Marco

Puisqu'il s'agissait de faire un bout de chemin avec lui, je lui ai fait lire des livres qui me semblaient importants et n'étaient pas dans les programmes, je lui ai parlé d'art, de cinéma, de spiritualité, de petits riens. 

Je lui ai conseillé d'apprendre l'accent anglais à Cambridge, puis de faire de la philosophie à Durham ou de l'économie à la London School of Economics, où il brilla, puis il y eut Science Po Paris, un séjour en Afrique, un volontariat en Amérique du Sud... Une vie riche et complète sur un laps de temps tellement ramassé et l'inéluctable dont il mesurait la proximité et qu'il assumait avec détermination et en souriant.

dans le hall du palazzo 
Afin tenter d'apaiser les traces d'une chimiothérapie douloureuse, je lui montré Venise qu'il a tant aimé qu'il y revint tout seul l'année suivante pour suivre un cours d'été à San Servolo. Son rapport avec la Sérénissime a été très particulier et intime. En d'autres temps, il aurait été reçu citoyen car il tomba sous mes yeux dans l'eau du rio xx alors que nous venions de déjeuner dans la charmante casetta rossa du Comte Marcello, aux pieds du pont de l'Accademia. Un baptême que bénit quelques jours plus tard, le père Mancini, dominicain de Venise qui lui présenta la basilique San Giovanni e Paolo et particulièrement la chapelle où est honoré le Bienheureux frère Jacopo Salomone, né et mort à Venise (1231-1314)  et qu'on invoque pour la guérison des tumeurs et des cancers...

à Venise comme ailleurs, nous avons beaucoup échangé et nos conversations étaient toujours enrichissantes, passionnées aussi, drôles souvent. Nous abordions tous les sujets imaginables. Pourtant, la vie, la maladie, le temps, nos occupations nous ont éloigné. J'ai tellement cru à sa guérison ou à une longue rémission... La crise sanitaire m'aura empêché de me joindre à tous ceux qui ont pu venir lui rendre un dernier hommage. 

Si j'avais pu être présent à la cérémonie religieuse, j'aurai aimé chanter cette belle chanson d'Anne sylvestre qu'un authentique vénitien bien que d'adoption, le photographe Philippe Apatie a si joliment chanté sur les réseaux sociaux pendant le confinement : "J'aime les gens qui doutent", ici dans la très poétique version de Jeanne Cherhal, Philippe Delerm et Albin de la Simone...

09 mars 2020

Soupe aux lentilles et promenades aléatoires : le blog de Nicoletta Fornaro

Copyright © Naturally Epicurean | Nicoletta Fornaro - 2020
Vous connaissez certainement le blog de Nicoletta l'épicurienne qui écrit et montre depuis Venise de bien belles choses, des photos magnifiques et donne des recettes gourmandes que Tramezzinimag ne peut pas ne pas recommander avec enthousiasme. Les propos de son plus récent article mériteraient d'être primés dans un concours à inventer - ou ré-inventer - qui récompenserait les billets les mieux écrits, les plus vrais et profonds, les idées les plus mesurées et l'esprit le plus positif. 

Nicoletta Fornaro est vénitienne, du Lido plus précisément où elle est née d'une mère irlandaise et d'un père vénitien.  Après de nombreux voyages, mariée à un vénitien, elle vit à Venise. Elle est aujourd'hui photographe free-lance et la gourmande collabore aussi à des ateliers de cuisine.Des mots qui construisent et guérissent valent mieux que ceux qui inquiètent ou démolissent. Notre époque est reine pour la démesure et l'emportement, la colère méchante et l'expression totale de tout ce qui grouille en nous de sombre et pestilentiel. Nicoletta évoque les réseaux sociaux et l'inanité des milliers de noms qu'on collationne dans la rubrique de nos "Amis". Combien, dans la vraie vie, le sont vraiment ? Bien souvent, nous rechignons à poser la question. (sa biographie ICI).

Mais revenons à ce blog magnifique et roboratif et à ce qui motive notre chronique du jour. La période que nous vivons aujourd'hui, ce temps que l'on peut qualifier de difficile tellement nous nous sommes habitués - en Occident du moins - à la facilité et à la paix, à une routine que ne sont venus perturber jusqu'à présent que quelques actes, certes atroces et sauvages, pour nous rappeler à la réalité de la nature humaine ; de la nature tout court, qui est par essence bien plus violente que paisible. 

Cette situation de confinement, inédite dans notre monde protégé, pacifié, organisé, nous porte à l'introspection et "remet les pendules à l'heure". Il ne s'agit pas de laisser le doute pas plus que la rancœur s'installer en nous. Il ne nous faut pas céder à la peur et encore moins à l'angoisse. Ne pas jeter la pierre à d'improbables responsables. Ne pas redonner vie à l'ignoble, avec une nouvelle chasse aux sorcières, des règlements de compte et une justice approximative. Les chinois de Wuhan au milieu de qui s'est répandu le virus, sont avant tout des victimes et leurs morts ont droit à notre compassion, pas à notre vindicte. Gardons notre hargne pour ce que nous avons fait ou laissé faire de ce monde depuis que l'Occident ne connait plus ni la faim, ni le manque, ni les menaces des canons. Ces peuples souverains à qui on refuse le dernier mot, les discours lénifiants des gouvernements, ceux-là même à qui nous avons confié le soin de conduire nos pays sur un chemin de liberté, d'égalité et de fraternité et qui, sourds aux cris des foules descendues dans la rue, ne savent plus répondre que par la violence policière et des myriades de lois et de règlements imposés... Gardons notre colère contre nous-même, qui consommons, détruisons, avec l'indifférence et l'arrogance des nantis à qui rien ne peut arriver quand la sagesse aurait dû nous rappeler à davantage de mesure et de bon sens.

C'est ce qui émane du billet de Naturally Epicurean (oui, le site de Nicoletta est en anglais, certainement au nom de l'universalité et absolument pas par soumission à la globalisation aveugle prônée depuis des lustres par les ultra-libéraux yankees !). La nécessité d'une introspection collective, l'urgence d'une réflexion tournée vers d'autres paradigme que le progrès, le profit, l'individualisme, l'argent, le travail. L'épidémie enrayée, les confinements levés, les écoles rouvertes et les offices religieux comme les manifestations culturelles et sportives de nouveau autorisés, rien ne sera plus comme avant. D'un point de vue économique bien sûr, car il va falloir ramasser les morceaux, prendre en compte les pertes financières, les manque-à-gagner à tous les niveaux, prendre acte de nos faiblesses et de nos manquements et donc redéfinir quelles sont les vraies priorités. Pour l'individu, pour la société, pour la planète.

Cela n'implique pas de la sueur et du sang, et encore moins des larmes, mais du bon sens et de la détermination pour ne pas refaire les erreurs qui ont été les nôtres. Notre temps sur la terre est trop court pour continuer de courir après des chimères. Nos familles, nos amis, nos voisins c'est la planète entière et c'est au prix d'une véritable solidarité universelle que nous la préserverons comme nous pourrons peut-être préserver l'espèce humaine, bien davantage menacée que la terre. en consommant moins ou mieux, en pendant l'autre avant de penser notre confort personnel, en réapprenant à partager, en redécouvrant la véritable communication, par la parole, par les mots, sur nos places et dans nos rues, dans les écoles et les ateliers, dans les cafés et sur les marchés. Échanger, correspondre, écouter et entendre l'autre. 

L'absence de visiteurs à Venise, le confinement qui fait penser inexorablement à certains films de science-fiction où des forces armées jusque aux dents tiennent les frontières hermétiquement closes, est une aubaine pour les vénitiens. Déjà, la structure de la ville, l'absence de l'automobile, sa taille humaine, les habitudes et les usages locaux rendent l'échange plus facile. Mais c'est aussi l'incroyable et fabuleuse beauté que les vénitiens ont sous les yeux à tout moment et qui leur est rendue par la quarantaine qui est une chance. Gageons que l'introspection qui chemine dans les cœurs et les esprits ne mènera pas au désespoir ni à la hargne, mais bien plus à une remise en question des fausses valeurs que nous avons fait trop facilement nôtres. Le tourisme après le coronavirus ne pourra plus être le même. Tout comme le commerce, la vie culturelle, sociale, politique. Non pas tant parce que les confinés auront été confrontés plus qu'ailleurs à l'idée de la mort, de la maladie, de la finitude, ce que les anglo-saxons appellent "the mortality salience".  

Certains sortiront de  cette expérience transformés. Leur regard sera différent, non pas comme celui de qui a échappé à la mort ou revient d'un épisode extrêmement violent et horrible, mais parce qu'un esprit sain ne peut pas ne pas constater dans le confinement, combien ce que nous pensons être acquis peut vite disparaître, combien nous dépensons inutilement de précieuses énergies simplement pour satisfaire dans l'immédiat des caprices de nantis. Peut-être alors, aurons-nous la chance d'en tirer des leçons et de ne pas refaire les mêmes gestes, ne pas refaire les mêmes erreurs et orienter nos vies davantage vers l'autre et le bien commun. Pour que jaillisse de nouveau la Joie !

Une fois encore, Venise m'apparaît comme un laboratoire, l'exemple de tous les possibles.

02 janvier 2020

Paraît qu'à Venise...: Moi, les gros bateaux, je ne peux pas les encadrer...

Vu sur le site de J@M, Paraît qu'à Venise... ce clin d’œil savoureux sur une idée de liliforcole, autre ami et fidèle lecteur, membre de notre vieille confrérie des Fous de Venise. Si vous ne connaissez pas encore le site "Paraît qu'à Venise" né en 2011, abonnez-vous, sa vision décalée de Venise et de sa lagune, vaut souvent le détour.

"Venice in oil" de Bansky (reprise de FB), sur une idée de Liliforcole / © J@M - 2019.

08 novembre 2019

TraMezziniMag soutient les Ailes de Venise

Lorsque j'ai rencontré la première fois Isabelle Khana, nous avions rendez-vous à la terrasse d'un des cafés du campo Santo Stefano. On m'avait déjà parlé d'elle à plusieurs reprises et pas toujours en bien. Qu'on dise pis que pendre de la dame attira mon attention. Mon expérience de la médisance me donne toujours à penser que lorsque le médiocres sont dérangés par quelqu'un c'est que la personne mérite qu'on s'intéresse à elle et à ses idées. C'est ainsi que je sollicitais un rendez-vous à cette charmante jeune femme avec qui j'ai en commun, outre un amour inconditionnel pour Venise et les vénitiens, le métier puisque j'ai été longtemps courtier en assurances et notamment en assurances vie et produits financiers. Mais ces considérations sont dénuées d'intérêt. Ce qui importe c'est ce que réalise Isabelle Khana avec son association Les Ailes de Venise. Non pas que la Sérénissime en manqua, mais par son initiative, le lion ailé peut agrandir la voilure.

Pour un tourisme collaboratif et actif avec les  associations
L'idée développée par la fondatrice et soutenue par une équipe internationale est très intelligente. Plutôt que venir se rajouter aux nombreuses fondations qui contribuent à la restauration ou à la protection de la cité des doges et de son extraordinaire patrimoine, en levant des fonds pour financer des restaurations parfois spectaculaires et médiatisées ou discrètes et ponctuelles, l'association Les Ailes de Venise proposent que les dons effectués sur son site soient affectés à des projets étudiés au préalable et des actions réputées de qualité aux mains des vénitiens. Il s'agit donc de contribuer aux choix des habitants de Venise et non pas de décider d'investir des fonds selon le caprice ou le goût de mécènes bien intentionnés mais qui ne répondent pas forcément aux besoins urgents de la ville.

Ainsi, actuellement, quatre propositions sont faites à ceux qui rejoignent l'association. Tramezzinimag connait parfaitement chacune de ces actions, c'est un bon choix et un excellent début? Nos lecteurs reconnaîtront au passage de nombreux amis avec qui ils sont en contact lorsqu'ils viennent à Venise ou simplement sur les réseaux sociaux. Il s'agit de l'association Masegni e Nizioleti fondée il y a quelques années par un groupe d'amis, qui se charge de nettoyer les murs de la ville couverts d'immondes graffitis inesthétiques qui gangrènent tout le centre historique. Avec l'argent versé les ailes de Venise achèteront du matériel (chez des commerçants locaux !) pour permettre aux dynamiques nettoyeurs de Masegni e Nizioloti de déployer leur action.

Vient ensuite un projet pour l'association qui a créé et fait vivre l'Orto del Campanile, au pied du clocher de l'église des Carmini. Tramezzinimag a déjà parlé de ce potager collectif qui a vu le jour à deux pas de Santa Margherita et qui est un lieu magique où l'on peut cultiver ses légumes, où s'organisent des après-midi studieux en silence pour les étudiants qui veulent étudier a l'aperto, et des tas d'autres animations. Lieu discret, intime et discret hors des circuits empruntés par les hordes de touriste.  C'est dans ce lieu incroyable que le Wigwam Club de Venise (Wigwam Club Giardini Storici Venezia) animé par la pétulante Mariagrazia Dammicco, soutient la création d'un mur végétal, sort de jardin vertical su les parois du campanile où seront plantés des plantes aromatiques, des fraisiers, des fleurs aussi. Là encore les dons seront transformés en apport en nature : de la terre,  es outils, des plantes, etc, de quoi rendre ce lieu encore plus agréable pour les vénitiens qui aiment y venir passer un moment.


Il y a aussi Il Nuovo Trionfo qui restaure une vieille barque typiquement vénitienne, le dernier caboteurs traditionnels qui sillonnaient la lagune et transportaient des marchandises. Ces grosses gabarres étaient très répandues jusqu'aux années 50. Jusqu'à ce qu'en Italie aussi le transport routier l'emporte. Gilberto Penzo explique sur le site de l'association les objectifs de cette nouvelle restauration, de l'utilisation qui sera faite de la gabarre. Une belle aventure pour cet ultime trabacollo vénitien. 

Enfin, les Ailes de Venise ont sélectionné l'Associazione degli artigiani artisti del Chiostro qui regroupe des artisans et des artistes installés dans le cloître de l'ancien couvent Santi Cosmo et Damiano à la Giudecca, là où se tient la fondation Luigi Nono. L'objectif des Ailes de Venise et de financer des outils de communication pour faire connaître cet endroit magique et tout ce qui s'y crée. Là encore, un excellent choix.
 
Une page du site explique en détail ce que va permettre votre don selon la somme choisie (à partir de 15 euros). TraMezziniMag invite solennellement ses fidèles lecteurs à faire un don pour le projet de leur choix et à devenir membre de l'association et à faire connaître la démarche des Ailes de Venise. 

Enseignants, parlez-en à vos élèves et pourquoi ne pas bâtir un projet scolaire autour des Ailes de Venise, faire suivre à vos classes les projets, organiser une collecte ou une vente pour réunir des fonds au profit des projets qui intéresseront les chères têtes blondes. Et pourquoi pas una gita scolastica orientée autour de cette Venise authentique que nous chérissons et désirons tant protéger ? Écrivez-nous, nous pouvons vous aider à monter le voyage pour en faire un séjour inoubliable pour vos élèves !