19 décembre 2005

Jean et Constance improvisant un jeu sur le campo Sto Stefano. Mai 2005.


Cette image me permet de signaler aux lecteurs italianisants, un très bel album paru en 2003 aux Éditions Marsilio, dans la collection Insula sous le titre "I giochi a Venezia tra campi e campielli dall'Ottocento a oggi". C'est un ouvrage collectif publié sous la direction de Leopoldo Pietragnoli, journaliste émérite du quotidien Il Gazzettino, le quotidien de Venise, et spécialiste du XIXe vénitien. Joliment illustré, bien documenté, il décrit les usages en vigueur sur les places et dans les cours de la Venise d'avant la télévision, quand les enfants inventaient des jeux que, de quartier en quartier, chaque génération reprenait. Tous milieux confondus - ou presque - les petits vénitiens de castello, ceux de la Giudecca, de San Polo ou de Burano, se lançaient dans des parties endiablées après l'école, le dimanche après le repas dominical. Pas seulement un joli "coffee table book" qu'on prend plaisir à feuilleter mais aussi un texte très documenté et passionnant... 

(reprise d'un article de mai 2005 sur tramezzinimag.blogspot.com)

18 décembre 2005

A thing of beauty is a joy forever...



Lettre au maire de Venise

Depuis 2003, Umberto Sartori et son organisation tentent d'alerter l'opinion publique et les responsables politiques et administratifs de la situation paradoxale où se trouve aujourd'hui la Cité des Doges avec la très rapide infection de tous les composants de base des constructions vénitiennes : les briques (silicate), la pierre d'Istrie et les marbres (carbonate de calcium) qui par un phénomène d'hydrolise se transforment en une matière poreuse et très friable, menaçant ainsi l'ensemble des bâtiments de la ville. D'autre part, les enquêtes (cd-rom vidéo et photographies à l'appui) menées par le Comité depuis sa création, montrent que les restaurations et remises en état des monuments mais aussi des matériaux urbains (ponts et rambardes en pierre par exemple) sont faits en dépit du bon sens et sont parfois plus dangereux qu'utiles pour la sauvegarde de la ville (couverture des briques par du ciment par exemple).

Le texte ci-dessous est en italien. Il existe en anglais. Je vous le livre dans sa langue originale et j'enverrai à ceux qui le souhaitent la version française que je n'ai pas encore eu le temps de terminer pour la mettre sur ce site. Vraiment, au-delà du plaisir que nous avons tous à parler de Venise que nous aimons, il y a cette situation très préoccupante. 

Venezia,15 ottobre 2003
Al signor Sindaco del Comune di Venezia, Commissario Straordinario del Governo per il Moto Ondoso. 

Con la presente segnaliamo il gravissimo decadimento di larga parte dei silicati (mattoni) e dei carbonati di calcio (marmi e pietra d'Istria) che costituiscono il corpo edificato del centro storico di Venezia. Come viene esposto nell'allegata "Relazione Chimica" (all. 1) e illustrato nella documentazione fotografica e video (all. CDROM), moltissimi mattoni dei piani bassi degli edifici in tutta la città presentano avanzato stato di disgregazione per idrolisi, mentre i marmi e le pietre d'Istria dimostrano un altrettanto rilevante grado di degrado superficiale e strutturale per solfatazione ovvero trasformazione in gesso. .

Relazione di Umberto Sartori

"Tengo sotto osservazione, documento e pubblico lo stato della città da alcuni anni, dapprima per mia iniziativa e in seguito su incarico del Comitato Spontaneo per la Difesa di Venezia. Testimonio che solo negli ultimi due anni i fenomeni disgregativi hanno assunto il carattere di diffusione, rapidità e profondità che li rende oggi il più' immediato ed effettivo pericolo per la sopravvivenza di Venezia come centro edificato. I rilievi effettuati nel maggio 2003 mi hanno indotto a costituire un nuovo Comitato, denominato di Salute Pubblica per sottolineare la gravità dello stato di fatto che rilevo, documento e denuncio come drammatica". Noto che le disgregazioni osservate sono dovute a reazione chimica tra le piogge acide e i sali che compongono le pietre edificatorie e ornamentali (vedi all. “Relazione Chimica”), il drastico aggravamento del fenomeno a nostro modo di vedere deve essere posto in relazione con l'aumento del traffico marittimo nel porto per i seguenti motivi :
1 - La peculiare conformazione logistica fa di Venezia insulare un microclima meteorologico poco influenzato dall'atmosfera continentale. D’altro lato, risulta estremamente rilevante ciò che in tale microclima viene immesso dal suo interno.
2 - Le macchine navali, anche quando alimentate a gasolio, emettono ciascuna inquinanti solfo-cabro-nitrici equivalenti alle emissioni di migliaia di TIR.
3 - Nella maggior parte dei casi tali macchine sono invece alimentate con "bunker fuel", un olio pesante a bassissimo prezzo che nella combustione rilascia quantitativi di solfati e nitrati particolarmente ingenti.
4 - Negli ultimi tre anni si è verificato un notevole incremento del traffico navale, con particolare riguardo alle enormi navi da crociera e ai traghetti adriatici (questi ultimi in maggioranza effettuati con imbarcazioni desuete alimentate esclusivamente con bunker fuel).
5 - Il numero di passeggeri sbarcati dalle grandi navi ha prodotto come conseguenza il moltiplicarsi sfrenato della flottiglia locale di imbarcazioni a motore diesel e benzina per il loro smistamento in città e nelle isole nonché per l'approvvigionamento merci.
6 - L'aumento di reddito indotto sulla popolazione dall'incremento dell'afflusso turistico ha moltiplicato il numero di possessori di imbarcazioni private a motore, ed elevato la potenza e quindi la capacità inquinante dei motori stessi.
Il Comitato individua come essenziale al salvataggio in extremis di Venezia una nuova regolamentazione del traffico a motore nell'ambito interno e lagunare. Per rendere operativa ed efficace tale regolamentazione il Comitato stesso chiede di poter conferire con Lei al fine di illustrare le proposte di soluzione. A titolo informativo comunichiamo di essere in procinto di esporre quanto sopra al Magistrato alle Acque, con particolare riguardo ai lavori marittimi e lagunari che riteniamo necessari al Progetto per il Salvataggio in extremis di Venezia, e di avere già depositato i materiali e le bozze alle seguenti autorità cittadine : 
Nucleo Carabinieri per la Tutela del Patrimonio Artistico 
Sovrintendenza ai Beni Architettonici Capitaneria di Porto 
Autorità Portuale - Ente Porto 

Il materiale documentario contenuto nel CDROM allegato viene aggiornato sul sito http://savevenice.net

Per il Comitato di Salute Pubblica __________________________________________________________________________ 
Umberto Sartori n. Ve 7/7/1953 – res. Ve DD. 604 - venetian@ombra.net - mob. 3489298579

Une alerte rouge comme la robe du Père Noël

En ce temps de Noël, je suis certainement mal avisé d'insérer sur ce blog qui fait rêver les amoureux de Venise, des informations sur l'urgence de la situation de la plus belle ville du monde. Car c'est bien d'urgence qu'il s'agit face à la gabegie de l'administration italienne incapable de résoudre les problèmes qui s'amoncellent depuis cinquante ans sur la Sérénissime. Je vous livre ci-dessous une image très parlante et vous invite, lecteurs qui aimez Venise, à réagir, à en parler : la pollution atmosphérique qui contamine les pierres, la montée des eaux, le dépeuplement de la ville, l'invasion des hordes de touristes pire que les huns d'Attila qui rendent la vie courante très difficile. Allez à Venise, regardez-là, aimez-là mais respectez-là. Ce n'est pas un musée, ce n'est pas un parc d'attractions. C'est un lieu de vie, un monde pétri d'art et d'histoire, mais c'est un lieu malade, mal soigné et qui souffre. 



Ce cliché (propriété de Umberto Sartori, Comitato di Salute Pubblica a Venezia) représentant un bas-relief situé rio Barba Frutarol près de l'église Santi Apostoli, montre l'irréparable désagrégation des pierres, liée à la pollution par les dégagements de sulfure et autres dérivés chimiques des gaz émanant des moteurs de bateaux, des usines, des cheminées, transformant les pierres et marbres utilisés à Venise en... craie ! Partout dans la ville les monuments commencent à se désagréger rendus friables par des inclusions de calcite cristallin qui rend la pierre comme le marbre pareil à de la craie. Cette photo prouve l'urgence d'une réaction. Si vous êtes à Venise, ou la prochaine fois que vous y serez, allez voir par vous-même : touchez les pierres, vous aurez des morceaux sur les doigts, pareils à des résidus de craie. 

Dans quelques années, si rien n'est entrepris pour Venise d'une manière draconienne, la ville est vraiment définitivement condamnée !

SIGNEZ

la pétition pour la sauvegarde de Venise : 
http://ourvenice.org/petition/petition.php


17 décembre 2005

Reflets


Je n'habiterai jamais assez Venise... par Paolo Barbaro

de Paolo Barbaro
 
..."Ville du futur", écrivent, sur Venise et les îles, mes amis spécialistes. Qui, bien sûr, habitent ailleurs, viennent ici une fois par an. Ils expliquent : circulation bien répartie entre rues et canaux; regroupement par insulae, vie de quartier, tout autre chose qu'à Milan.
...
C'est possible. Mais la circulation, je ne la vois pas ; îles ou insulae sont à la fois délabrées et englouties ; vie de quartier, il n'y a pas un chat. Est-ce vraiment ça, la ville du futur ? Oui, une présence, il y en a une, là au coin, la dernière qui attend (les autres sont déjà en Amérique) : l'orbite gauche est vide, l’œil droit a été peint par un fou... Elle vacille, ma dernière statue, sous les coups de la bora. Le vent arrache la peau, s'engouffre entre les murs resserrés, force les entrées du dédale. Entrer ou renoncer ? Je touche le mur de brique, friable, tendre et humide : l'accès s'ouvre, nous aspire. C'est bien elle, la ville "sex-femelle" d'Apollinaire et de tous ceux qui l'effleurent avec un peu d'amour, le soir qu'il faut. "Soir dément", comme on dit ici, froid et désert : un quelconque dimanche d'hiver, première lune du nouveau janvier.
 ...
Un restaurant à moitié ouvert ; sans enseigne ni publicité. A l'intérieur, guère plus qu'une soupente : dominé par deux femmes de l'île, énormes, la voix rauque, toujours en mouvement, des mains comme des battoirs. Des tables de bois, de vieux buffets, une photo de groupe avec les drapeaux des régates : la vieille auberge que nous croyons disparue. Sur le banc, de petits poissons frits, de la polenta, du vin blanc. Malgré le tourisme, quelque chose demeure, pour la raison que c'est une ville démentielle, selon les spécialistes : malgré des millions de "présences", elle n'est pas encore touristique au sens propre, logique, occidental. Les plus beaux soirs de l'année - ceux d'hiver -, elle se libère, prise dans une sorte de coma, inhospitalière ; en rien touristique. Le maximum de la désolation est atteint au moment des fêtes plus populaires : entre Noël et le nouvel An - ni un bateau, ni un café, ni un WC, ni un théâtre, ni un cinéma. Le résultat est la totale disponibilité - plus besoin de réserver - durant des jours et des nuits, d'une ville entière, fantomatique, eau et pierres, tout compris. La dernière du monde, habitée juste ce qu'il faut : pour ne pas vous laisser tout à fait seul, quelqu'un continue à allumer la lumière, ça et là dans les maisons. 
...
De la fenêtre de l'auberge, je suis du regard deux gamins dehors, dans l'obscurité, sur le bord de l'eau : ils vont et viennent sur la pointe des pieds, sans but et sans interdiction. Ils s'arrêtent où cela leur chante, ils regardent, éblouis : jeux superposés de rives, grands palais blancs, campaniles morts. Désespoir pour cette infinité de choses à voir, tourment pour celles que je ne verrai jamais. Je n'habiterai jamais assez Venise. Tout à coup, selon les deux énergumènes, "c'est l'heure" ! Il faut sortir par la porte de derrière : on ferme, on ferme... Je m'enfonce dans de petites cours de prison, je réapparais le long des arches sonores. Dans le noir, tout se découvre : les pierres gonflées, soulevées et comme éclatées, les murs ruinés, les couches superposées du temps et de l'incurie ; chaque cour a son désastre. Un peu plus loin, une suite de palais, sans une lumière : au-dessus, de petites arcades, bancales ; combien de gens y ont-ils dormi tranquillement et y rêvent toujours, malgré ces trous lépreux. Tandis que, sur l'autre rive, les voix se précisent : voix slaves, de femmes, russes peut-être. Elles suivent d'étranges cercles comme dans les figures d'un ballet : jeunes ou pas, elles aussi essayent. Et se perdent. 
...
Une ombre me précède, à présent ; puis se retrouve à mes côtés, me suit. L'homme observe porte après porte : il cherche un numéro, explique-t-il, communal. Mais ici, ce n'est pas le lieu où trouver des numéros, qui forment l'essence du monde moderne ; communaux ou pas, les numéros continuent à monter ou à descendre, en avant et en arrière, sans logique : à Venise, ils augmentent avec les années, ou avec les siècles, et non en suivant les rues. Celui qui arrive en premier a son numéro en premier; comme au paradis ou peut-être en enfer. Mais alors, demande l'ombre à elle-même, pourquoi perdre du temps, pourquoi continuer ? Et un instant après : quelle année était-ce ? Nous ne cherchons plus un numéro, nous cherchons une année, ou un fil. Et alors, passe un couple enlacé : le fil, eux, ils l'ont trouvé. On dit que les amours à Venise sont brèves ; en tout cas, à ce que l'on voit, elles sont intenses. Maintenant, nous nous suivons un peu tous : eux deux, l'ombre, les deux jeunes gens, les femmes russes, les numéros de maison, tous attirés par un son, une flûte, flûte enchantée, dans la profondeur des calli... Quelqu'un s'arrête sur le pont, écoute. Tout comme un autre en bas sur la barque, du canal : nos sosies, dans l'eau. La musique, c'est Mozart, sous les murs de la Fenice : la flûte se répand dans la ville silencieuse, nous fait revenir à l'esprit - nous fait espérer - un printemps dans ce soir d'hiver.
Extrait de "Lunaisons vénitiennes" (Éditions la Découverte, 1992).

Paolo Barbaro, Ennio Gallo de son vrai nom, est originaire de Vénétie et vit à Venise. Comme nombre d’autres écrivains italiens réputés, citons ici Primo Levi ou Emilio Gadda, Paolo Barbaro partage sa vie entre l’écriture littéraire et l’exercice d’une profession technique, il est en effet également ingénieur spécialisé en hydraulique. Ce qui du reste explique de son angle d’attaque de Venise qu’il explore depuis les années 1980 à travers l’écriture littéraire. Lunaisons vénitiennes (La découverte 1992; 10/18, Odyssée 1997) est l’exploration poétique de Venise durant une année. A raison de deux chapitres par mois, il explore les paysages et lieux de la cité des doges, îles, campi, ponts, quais ... avec une attention particulière aux problèmes écologiques de la lagune. Aussi n’est-ce pas la Venise touristique qui s’expose ici, mais une Venise au quotidien, avec ce qu’elle peut aussi avoir d’âpre, de froid et d’inhospitalier. Paolo Barbaro nous invite à porter sur Venise un regard plus responsable.

L'image du jour (34)


réclames, pubs et palimpsestes

16 décembre 2005

Olga Rudge, une grande dame rencontrée à Venise ...

«Nous allons déjeuner chez Montin où nous avons le plaisir de rencontrer, très âgée mais armoniosa toujours la femme d'Ezra Pound, Olga Rudge. Une présence est là, la beauté chez cette presque centenaire qui sourit de toute sa jeune intelligence et séduit encore au-delà du compagnon merveilleux qu'elle n'escorte plus.»
 Yves Peyré,  
Venise réfléchie
éditions du limon, 1988. (p 14). 

De 1982 à 1985, tout jeune homme encore mal dégrossi, j'ai eu l'incroyable privilège de croiser à Venise de très grandes dames. Je les ai pour la plupart assidument fréquentées. Elles m'ont reçu, m'ont présenté, souvent m'ont aidé et toujours m'ont fait l'honneur de leur amitié et souvent de leurs conseils avisés : la comtesse Marcello, la Princesse Clari, Madame Couvreux-Rouché, Olga Rudge, la duchesse Decazes, Dachine Rainer, Regina Resnik, Liselotte Höhs...
 
Olga Rudge avait plus de quatre-vingt-dix ans, en 1986, quand j'ai eu le privilège de la rencontrer, chez l'avocat Feliciano Benvenuti, alors directeur de la fondation d'Art Moderne de la Fiat qui occupait le palazzo Grassi Grassi. Notre hôte recevait à l'occasion de la fameuse exposition sur le Futurisme mise en place par Pontus Hulten. C'est sa grande amie Dachine Rainer qui me présenta.
 
Dachine, écrivain américain réfugiée en Écosse depuis la chasse aux sorcières qui mit cette libertaire en prison, m'ayant pris en sympathie tout au long de son séjour vénitien, me demandait souvent de l'accompagner. Je plus à la veuve d'Ezra Pound, qui m'invita ensuite trois ou quatre fois chez elle. 
 
Je me souviens notamment d'une fois où je me rendis dans la maison du poète en compagnie de Dachine Ancienne collaboratrice et correspondante du poète, amie proche d'Olga et de sa fille, elle était littéralement habitée par l’œuvre de Pound qu'elle considérait comme l'un des plus grands poètes contemporains.
Je revois Olga Rudge, grande, altière et souriante, marchant dans les rues de Venise en devisant. « jeune homme» me disait-elle, «"marchons encore cela m'aide à penser, la vieillesse me rend molle...» Elle fut l'une des initiatrices du goût moderne pour la musique baroque. elle redécouvrit beaucoup de partitions originales et organisa de nombreux festivals. Nous sommes allés plusieurs fois, Olga Rudge, Dachine Rainer et moi, au Conservatoire Benedetto Marcello. Les élèves des classes supérieures et souvent les professeurs donnaient chaque samedi un petit concert.  Je dois encore avoir quelque part ma carte d'abonné. Après le concert et quelques chiachieratte avec les participants, nous allions nous installer suer le campo, à la terrasse de Paolin. 
 
Dans sa maison de la calle Querini, tout était plein encore de la présence du Maître. Venise dans les années 80 était intellectuellement très à gauche. Pound apparaissait comme un terrible réactionnaire. Faire la louange de son œuvre vous faisait aussitôt qualifier?  au mieux de conservateur bourgeois, au pire de fasciste dangereux. Des milliers de sales réactionnaires comme moi venaient du monde entier pour rencontrer le Temple et sa prêtresse. 
 
Leur maison-musée  a été à plusieurs reprises pillée, pendant la guerre sous prétexte qu'ils étaient étrangers, puis après la guerre parce qu'ils avaient eu des idées anti-communistes...Période sombre déjà pour la culture et la pensée; Mieux vaut en rire aujourd'hui. Bien que l'ère berlusconienne commence de nous montrer ce qui nous attend dans l'Europe de demain et particulièrement en France, si nous ne réagissons pas, d'aucuns continueront de considérer Ezra Pound et Olga Rudge comme de sales fascistes... Ce furent des esthètes, des intellectuels et des amoureux du grand et du beau. Rien de superficiel en tout cas. 

"L’arbre a pénétré dans mes mains, / la sève est montée le long de mes bras / l’arbre dans ma poitrine est devenu grand, / vers le bas, / les branches sont sorties de moi comme des bras / tu es arbre, / tu es mousse, / tu es violette que caresse le vent... / les arbres meurent et le rêve reste."
Ezra Pound - Cantos.

Ambulanti...


Les marchands du temple

Je me demande toujours comment le touriste de base peut être autant assoiffé de ces objets, tous très laids, rarement manufacturés ailleurs qu'en Chine, que l'on trouve dans les villes touristiques du monde entier. A Venise, ils sont légion. Mais ce n'est apparemment pas nouveau puisque déjà, dans l'antiquité, les gens se plaignaient de l'invasion des marchands installés le long des rues à Delphes comme plus tard à Rome. Sans parler de ceux du Temple de Jérusalem chassés par Jésus... C'est rigolo de voir les attroupements de gamins en "gita scolastica" (voyage scolaire) agglutinés devant ces souvenirs à trois sous, les grosses mémères américaines et T-shirts fluos et les gondoles faisant lampe de chevet.