16 janvier 2007

Mais oui c'est vrai, il neige parfois à Venise.

Parfois et même souvent en hiver. Pour beaucoup de monde, Venise c'est l'Italie donc le sable chaud, la mer, le ciel parfaitement bleu. Mais Venise est au nord de l'Adriatique, ne l'oublions pas, au pied des montagnes, sa lagune attire les vents glacés du Nord et de l'Est. J'ai reçu récemment un courriel d'une petite fille qui avec sa classe travaille sur Venise. Elle me demandait s'il était vrai que la neige recouvrait la ville en hiver.

Si c'est moins vrai qu'autrefois, il n'en demeure pas moins que chaque année ou presque - changements climatiques obligent - la Sérénissime se recouvre d'un beau manteau blanc. Comme dans toutes les villes du monde la transformation du paysage urbain pose quelques problèmes de circulation mais les habitants n'en sont pas troublés pour autant. Histoire d'habitude en fait. Certes, ce n'est plus jamais comme dans le passé, quand la force des vents froids venus de l'Est et du Nord et la baisse rapide des températures faisaient de Venise une ville engloutie par la neige et la glace pendant plusieurs semaines. On avait l'habitude de patiner sur les canaux gelés et parfois même on se déplaçait jusqu'à la terre ferme ou à Murano en traineau sur la lagune glacée. De nombreuses peintures de l'époque en témoignent. Pour ma part, pendant mes années vénitiennes, j'ai connu la neige quasiment chaque année.

Je me souviens même d'un des premiers carnavals qui débuta ainsi. La neige recouvrait Saint Marc, le ciel était très gris et le brouillard qui tombait transformait la ville en scène de théâtre. Il fit tellement froid que l'approvisionnement en électricité ne suffit pas et un soir ce fut le blitz : une panne générale isola toute la ville et ce fut comme un retour instantané dans le passé : les masques blancs semblaient surgir des tableaux de Longhi ou de Bella, tout était sombre. Des lampes de poche et des bougies apparaissaient ça et là aux fenêtres des maisons. Un silence troublant pesait sur la ville et parfois on croisait dans le brouillard des groupes de gens chuchotant ou riant. Cela dura plusieurs heures. Magique, ce fut magique. 


Le reste du temps, il fallait composer. Ceux qui connaissent l'Amérique du Nord en hiver savent combien on est chaque matin partagé entre la joie enfantine qu'on ressent devant cette étendue immaculée qui rend tout plus beau et efface toutes les laideurs de la vie moderne et le poids des contraintes que le blizzard impose quand il est impossible de circuler, quand il faut déblayer des kilos de neige sur le chemin pour pouvoir sortir de chez soi. Ici on s'en accommode. Les parapluies et les manteaux surgissent de partout et on continue à vivre. Il n'y a pratiquement plus de panne d'électricité ou elles ne durent pas longtemps. 

Les bateaux circulent, encore plus lentement. Les bruits familiers sont étouffés, on n'entend guère les oiseaux et les pigeons ont froid aux pattes sur la Piazza. Batailles de boule neige et glissades font le bonheur des enfants. Les plus vieux s'aventurent en clopinant cherchant à ne pas glisser. Les passants s'entraident. Mais la neige ne dure jamais très longtemps de nos jours. Le soleil fait vite fondre la magie et l'élément principal du paysage vénitien reprend sa texture habituelle. Le blanc manteau redevient de l'eau sale... Mais ne dépoétisons pas. Ces temps de neige sont de merveilleux moments arrachés au quotidien et à la grisaille de l'hiver. Si vous avez la chance d'être à Venise quand il se met à neiger, vous verrez que c'est bien de magie dont il s'agit...



13 janvier 2007

Navigation vénitienne, suite.

La suite : rien que de très banal, des barges qui circulent sur un canal, les passagers qui bavardent, l'ambulance qui passe avec sa sirène tonitruante et les remous...

11 janvier 2007

Vigili del fuoco, les pompiers de Venise

Un lien trouvé sur le forum nous offre une vidéo sur le vif : un bateau des pompiers qui fonce à vive allure, sans se préoccuper du fameux moto ondoso, ces vagues qui rongent les fondations des immeubles en bord de canal. Regardez, c'est très court. Castello, l'auteur de ces images a bien failli être arrosé de haut en bas ! Je vous recommande une visite sur son site. Encore un passionné de Venise !



10 janvier 2007

Promenade à Venise (2)


Le rio, l'église et le squero San Trovaso, depuis les zattere, sur le ponte dei frati... A deux pas sur la droite, après les arcades de la vieille caisse d'épargne, il y a Nico, le glacier aux célèbres gianduiotti. Hmm! vivement l'été, qu'on se régale à nouveau de ces somptueuses glaces en marchant le ong des zattere jusqu'à la pointe de la douane !

09 janvier 2007

Promenade à Venise (1)



Le Grand Canal vu du pont du Rialto avec le palais des Camerlingues à gauche. Une vision estivale pour supporter la grisaille des jours d'hiver...

06 janvier 2007

Ida Barbarigo chez Fortuny

I Terrestri, exposition des derniers travaux de l'artiste au Palais Fortuny depuis le mois de septembre et jusqu'à la mi-décembre. 200 travaux réalisés la plupart dans son atelier de Venise, sont présentés au public. Une sorte d'allégorie du parcours artistique et humain de l'artiste.

Cette grande dame, grande artiste, compagne de Zoran Music, chez qui François Mitterrand logeait (au Palazzo Balbi-Valier), lorsqu'il venait à Venise, a présenté sur les cimaises du Palais Fortuny un travail magnifique, très parlant, sorte de synthèse de l’œuvre qu'elle peaufine depuis de nombreuses années. Il est difficile de parler d'un artiste et de son travail quand on n'a pas sous les yeux sa création. Je ne suis pas un spécialiste de l'art contemporain. Le travail chez Graziussi, la fréquentation de nombreuses biennales à Venise, des expositions à Bâle, à Paris, puis les leçons de vie et d'art de Bobbo Ferruzzi m'ont aidé à comprendre que le meilleur œil est celui qui se fait humble et sensible. Sensible à ce que le cœur peut ressentir de ce qu'il nous est donné de voir. peu importent les liens, les écoles, les idées. Il me semble que c'est d'émotion dont il s'agit.

J'ai découvert l’œuvre d'Ida Barbarigo quand je travaillais à la galerie de Giuliano Graziussi, a San Fantin, en face de la Fenice. C'est Arbit Blatas qui me montra un jour des gravures qu'elle avait publié. J'appris qu'elle était la fille de Guido Cadorin, professeur à l'Accademia (l’École des Beaux Arts de Venise), mais avant tout peintre et poète. Sa mère aussi était peintre. Extraordinaire lignée que cette famille Cadorin : des peintres, des sculpteurs, des architectes, des écrivains...

Ida Barbarigo a d'ailleurs étudié l'architecture avec un de ses oncles, Brenno del Giudice, mais elle préféra vite le dessin puis la gravure. A Paris, puis de nouveau à Venise, elle a énormément travaillé, restant cependant toujours à distance des courants modernes ou plutôt "à la mode" n'avait pas un grand succès. Elle est cependant toujours restée fidèle à sa vision de la réalité et son travail est aujourd'hui reconnu dans le monde entier. Elle a épousé Zoran Music en 49 je crois. Installé à Venise (il logeait au début sous les combles du Conservatoire Marcello), il devint l'assistant de son père.


Mais revenons à son travail présenté jusqu'à ces derniers jours à Ca'Fortuny. 200 toiles récentes (réalisées entre 2003 et 2006) consacrées toutes à la représentation matérielle de l'énergie de vivre qui caractérise l'être humain jusqu'à son dernier souffle. La décoration due à Daniela Ferretti tentait de reconstituer l'atmosphère de l'extraordinaire atelier de l'artiste : des structures polygones ouvrant et fermant l'espace en même temps permettent de voir les toiles comme sur la cimaise d'un atelier afin d'induire un contact émotionnel avec le visiteur, celui-là même qui vous prend lorsque vous pouvez toucher, tenir une toile qui vous plait chez vous ou chez l'artiste. Ces travaux récents montrent une humanité pleine de vie, qui bouge, hésite, tombe, se redresse, avance, recule, s'arrête, fuit, mais de qui toujours émane une vitalité "organique", induite, absolue et nécessaire.

A cette présentation des "terrestres" s'ajoutait un parcours didactique qui voulait reconstituer le cheminement artistique du peintre de 1962 à 1997 (avec le magnifique "Saturne") par une sélection de dix toiles toutes rassemblées sur un mur entier de la salle d'exposition.

Très beau catalogue publié chez Marsilio avec des textes de Giandomenico Romanelli (le directeur des musées de Venise), Jean Clair (ancien directeur du musée Picasso à Paris et qui vient de publier un roboratif "journal atrabilaire").


Ida Barbarigo
I Terrestri
2004

05 janvier 2007

Sargent and Venice, une grande exposition au Musée Correr

On annonce une grande exposition intitulée Sargent and Venice est proposée au public dans les salles du Musée Correr, à compter du 23 mars et jusqu'au 22 juillet 2007.


John Singer Sargent
Gondoliers’ Siesta, 1904
acquarello su carta, 36 x 51 cm.
Collezione privata
by Courtesy of Adelson Galleries, New York

04 janvier 2007

You raise me up.

L'enfant marchait seul le long de la berge. Il ne faisait pas beau, le ciel était gris et il allait certainement pleuvoir. L'enfant semblait ne pas craindre la tempête qui menaçait. Il paraissait si fragile et pourtant quelque chose dans son allure montrait une incroyable détermination. Il marchait seul le long de la berge. Soudain, en arrivant à cet endroit de la route où on aperçoit le port, avec les maisons du village déjà éclairées, l'enfant s'est mis à courir. Dévalant les marches qui descendent vers le quai au risque de tomber, il volait plus qu'il ne courait. Et c'était comme une lumière qui émanait de lui, comme une nuée d'anges, au son des trompettes se serait répandue sur le petit port : il venait de voir le bateau de son père qui rentrait enfin.
Venise, 13 février 2006
Ecrit en écoutant "You raise me up" de Josh Groban

03 janvier 2007

Venise au quotidien


C'est vrai qu'ici rien n'est jamais banal. Un bateau près d'un quai, devant un palais. mais pas n'importe lequel, le Palazzo Querini-Stampalia, avec le pont dessiné par Carlo Scarpa qui était le seul accès naguère à la bibliothèque et au musée.