30 janvier 2009

Tramezzinimag Galerie : Les carnets de voyage de Stéphanie Miguet


C'est souvent le hasard qui fait les rencontres sur internet. J'ai découvert il y a peu les blogs d'une lectrice, folle de Venise comme nous tous, qui réalise de merveilleux carnets de voyage, appels au rêve et à l'évasion. J'ai le plaisir de vous présenter quelques extraits de son travail, plein de poésie et d'humour. Ma passion pour les carnets d'artiste que mes lecteurs connaissent est aujourd'hui comblée par la contemplation de ce travail : le carnet d'artiste et Venise comme thème. Puisque le bonheur véritable est fait de petites choses qui nous enchantent et nous sotent de la grisaille habituelle, voilà de quoi être heureux non ? Bonne visite de notre première exposition virtuelle de l'année. En lien avec ses carnets de voyage, Stéphanie réalise aussi, avec son compagnon Tony Mazzocchin, de sublimes cartes postales qui donnent des envies de collection :
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2 commentaires:

le bord doré des nuages a dit…

Comment zero commentaire pour ce merveilleux carnet de voyages?! merci de nous le faire découvrir, cher Lorenzo.

Lorenzo a dit…

il faut laisser le temps aux lecteurs et je crois qu'il y a eu un problème avec les commentaires le lien ne fonctionnait pas c'est peut-être l'explication...

Tramezzinimag Galerie : Les carnets de voyage de Stéphanie Miguet

C'est souvent le hasard qui fait les (belles) rencontres sur internet. J'ai découvert il y a peu les blogs d'une lectrice, folle de Venise comme nous tous, qui réalise de merveilleux carnets de voyage, appels au rêve et à l'évasion. 
 
J'ai le plaisir de vous présenter quelques extraits de son travail, plein de poésie et d'humour. Ma passion pour les carnets d'artiste que mes lecteurs connaissent est aujourd'hui comblée par la contemplation de ce travail : le carnet d'artiste et Venise comme thème. Puisque le bonheur véritable est fait de petites choses qui nous enchantent et nous sortent de la grisaille habituelle, voilà de quoi être heureux non ?
Bonne visite de notre première exposition virtuelle de l'année. 
  En lien avec ses carnets de voyage, elle réalise aussi, avec son compagnon Tony Mazzocchin, de sublimes cartes postales qui donnent des envies de collection. Je rêve d'en recevoir et de les ajouter à ma collection... 
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29 janvier 2009

Connaissez-vous Vettore Zanetti

 

29 janvier 2009

Vettore Zanetti (1864-1946)

Un de ces petits maîtres qui enchantent aujourd'hui nos regards et surent si bien transcrire la lumière dorée et l'air diaphane de la Venise dont nous sommes fous, comme ils le furent. Vettore Zanetti (1864-1946) est présent dans de nombreuses collections publiques et privées.
 

 



28 janvier 2009

« L'enfant rejoint le poète sur le trône des doges », Aimez-vous Tobiasse ?


Vous savez ma passion pour les carnets d'artiste. Celui que les Éditions de la Différence ont consacré aux croquis du peintre Théo Tobiasse est une petite merveille. J'attendais mon exemplaire depuis quelques jours avec impatience. Le facteur a déposé dans ma boîte ce matin la grande enveloppe blanche. Il est enfin arrivé. Avec une dédicace de l'auteur. Superbe album.
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« J'aime Venise aux souvenirs entrecroisés » écrit-il dans la préface de l'album, « les uns sur les autres. Hommes assis sur leur chaise, femmes à la vigilance inquiète. Le passé s'engouffre dans le présent »...
 
Théo Tobiasse est d'origine lituanienne. Il est né en 1927 à Jaffa, en Palestine où la famille venait d'émigrer. Retournés en Lituanie, les Tobiasse s'installent ensuite à Paris pour fuir les pogroms. Comme Arbit Blatas quelques années plus tôt. Par manque d'argent la famille ne peut pas fuir et doit rester cachée deux ans. A la libération, Le jeune Tobiasse trouve un emploi chez l'imprimeur d'art Draegger. Il y réalisera des décors de théâtre, des décorations de vitrines de magasin, puis dessinera des emballages, des logos, des catalogues. 
 
Installé à Nice, il découvre la lumière et les paysages provençaux et se met à peindre. Il est vite repéré par les critiques et le public s'intéresse à ses œuvres. En 1966, Venise découvre Venise qui devient une des sources fondamentales de son art. Il y puise une nouvelle inspiration, retrouvant dans la cité des doges la synthèse des influences qui l'ont fait grandir en tant qu'artiste. Derrière une apparente nonchalance et une forte dérision, Tobiasse exprime dans ses travaux une grande sensibilité et il ressort de son travail quelque chose de très dense. La bible et l'histoire du peuple juif rejoignent dans les années 70 les thèmes de l'enfance et de l'exode pour s'imposer dans son œuvre. 
 
Artiste très prolixe, manipulant le feutre et l'encre avec autant de vigueur et de dextérité que la couleur, il est le peintre du bonheur inquiet, de la satisfaction mêlée de modestie de l'homme après l'effort ou après un bon repas. C'est aussi comme ses cousins en art, Chaïm Soutine, Chagall, Blatas, le peintre d'une douleur contenue, pour qui la joie de survivre, celle de pouvoir voir et de contempler ce que d'autres n'ont pas eu la chance de contempler, fait avancer chaque jour le vieil enfant qui sommeille en lui. La peinture de Tobiasse ? Quelque chose d'intense et de léger à la fois. 
 
Son amour pour Venise est flagrant. Ces extraits le confirment :
« Venise que j'aime, opéra permanent qui se joue au pied de la Salute. Joyau tissé de nostalgie où la voix des prophètes ne s'éteint jamais. Peuple assoiffé de pulsions étranges. Palais de marbre, ciselés, barricades de joie dressées dans un silence de miroirs. Colonnes gravées d'invraisemblables tendresses, l'hiver à Venise meurt entre deux vagues de gondoles. Les ponts se rouillent contre les murs inspirés. »
[...]
« Depuis, dans mon coeur je vis avec une fenêtre ouverte sur le Grand Canal. Des fleurs séchées creusent le temps et les canaux. La nuit, les rues désertes, où rôdent des éclats de rire, font écho au silence dans les replis des pierres. »
[...]
« L'enfant rejoint le poète sur le trône des doges.»

3 commentaires:

Gérard a dit…

Le trait d'un véritable écrivain , c'est comme le jet des lances de St Georges , plus bas dessinées .
Les graphes en imposent .
Javelot des plumes .
Et les trois paragraphes ci-dessus sont ceux d'un vrai poète .
C'est beau , car c'est direct !
Non , c'est très beau .

Stéphanie M. a dit…

Quelle belle découverte que ces dessins de Tobiasse. Merci Lorenzo, belle journée à vous...

Anonyme a dit…

Le carnet est magnifique...c'est un dépaysement et un enchantement à chaque fois que je l'ouvre...et je l'ouvre très régulièrement !

27 janvier 2009

Connaissez-vous le Saint Georges d'Ucello ?

Lorsque je travaillais à mon mémoire d'histoire de l'Art à Venise, j'avais devant moi une reproduction des différentes représentations de l'histoire de Saint Georges avec le dragon, et l'une des oeuvres qui me touchaient le plus était celle de Paolo Ucello, conservée au musée Jacquemart-André, à Paris, devenu depuis un de mes lieux favoris dans la capitale.
 
Petit panneau de moins d'un mètre peint sur bois, dans les années 1440, certainement réduit et tronqué par des restaurations successives, le tableau avec ses archaïsmes et ses innovations, fait bien le lien entre la peinture du trecento, sur laquelle je travaillais et les innovations du quattrocento triomphant. Paolo Uccello (1397-1475) s'est inspiré de la littérature médiévale (c'est Jacques de Voragine, dans la Légende dorée, qui popularisera en 1265 cette belle histoire) mais il a aussi développé tout ce qui était connu à ce moment-là de la perspective et de la couleur. On a du mal à imaginer en regardant les toiles de cette époque, qu'elles aient pu être révolutionnaires et scandaliser l’œil des amateurs. En l'occurrence, la recherche narrative du peintre se veut résolument nouvelle. Si l'artiste reste dans la filiation naturelle qui part de l'école gothique, avec la représentation d'une scène de la mythologie moderne, l'esprit de la chevalerie, le décor classique et la représentation toute aussi classique du monstre, la scénographie et le décor architectural (avec l'essai de perspective) ouvrent la voie à une vision moderne de la représentation. Quelque chose de théâtral se dégage de ce merveilleux petit tableau. La Renaissance voire le baroque sont présents dans cette peinture.

Paolo Ucello est totalement florentin. Élève de Ghiberti, ami et condisciple de Donatello, il était membre de la compagnie des peintres de San Luca, qui était en contact avec la guilde vénitienne. Ce qui lui valut une embauche sur le chantier de rénovation de la basilique San Marco où il vint participer à la réalisation de mosaïques malheureusement disparues aujourd'hui. Son séjour à Venise (de 1425 à 1430) , lui permet de se familiariser avec le travail de Gentile da Fabriano et Niccolò di Pietro, de Zanino di Pietro et de Jacobello del Fiore, mais aussi des premières manifestations de l'art de Pisanello et d'assister à l'épanouissement de ce qui a été appelé depuis le Gothique international dont il restera très imprégné.
 
Florentin passé par Venise donc, mais à la contemplation de ce Saint Georges combattant le dragon, à observer le paysage, la roche très carton-pâte, qui protège l'antre du dragon, les constructions au lointain (Silène,la cité fortifiée de la princesse lybienne que le saint va sauver du dragon), tout s'intègre à merveille dans le décorum vénitien et on peut penser que ce panneau aurait pu faire partie de la collection d'un de ces patriciens mécènes amateurs d'art et fins connaisseurs. J'aime à croire que Paolo le toscan fut séduit par la belle Sérénissime. 
 
Et puis, l'art n'a pas de frontière, pas plus que la beauté comme le rappelait souvent le regretté Olivier Clément à la suite de Paul Evdokimov, son maître, citant sans cesse la belle phrase de Dostoïevsky : « la beauté sauvera le monde»... 

3 commentaires:

Gérard a dit…

En mars de cette année , au musée Jacquemart-André , les primitifs italiens . Pour plusieurs mois . Bon , l'endroit est plein de mélancolie , de grandeur artistique , de vieilles dames des beaux quartiers discrètes et très distinguées et toujours amoureuses de leur cher Paris .
L'endroit est magnifique !
Je ne le connaissais pas .
Mais le plus somptueux , c'est vraiment cette double volée d'escaliers symétriques , le patio , où le marbre soutient avec une extraordinaire légèreté la fresque Contarini sur Henri III .
Quelle merveille !
Mais quelle merveille !
J'en suis toujours à me demander comment ils ont fait pour l'arracher , la décrocher , la reprendre , lui donner cet éclat .
Admiratif !
Les Primitifs italiens , boulevard Haussmann .

Michelaise a dit…

Tant d'heures passées devant ces peintures... Mais là n'est pas le sujet de mon commentaire : le thème c'est "souvenir souvenir"... Vous êtes de Bordeaux, et vous avez "fait" histoire de l'art... Vous êtes plus jeune que moi, mais peut-être avez-vous connu le professeur Pariset (qui faisait de mon temps un cours sur l'architecture anglaise !!!) Cousset qui était alors assistant (enfin de mon temps) et m'a fait découvrir la peinture française du XIXème, j'ai planché sur un printemps de Millet que je revois toujours avec émotion... et le professeur Gardelle qui faisait de l'art médiéval... Si je cite tous ces noms (j'ai oublié les autres) c'est que c'est grâce à eux que j'ai fait à 18 ans à peine mon premier voyage en Italie, la Toscane avec eux ça a été une révélation, Cimabue, Fra Angelico dans le cloître San Marco, Sinne, quelles émotions imaginez un peu !!! Et ensuite, lorsque je suis tombée amoureuse, la première chose que j'ai faite c'était d'y trainer mon amoureux transi... Résultat des courses pendant trente ans, nous n'avons eu de cesse que d'y retourner, encore et encore !! Je leur dois une fière chandelle à ces vieux messieurs (enfin Cousset à l'époque il était jeune !)

Michelaise a dit…

Petit complément pour Gérard à propos de Jacquemart André : moi j'adore y retourner souvent, pour leurs expositions de très belle tenue (Van Dyck était magnifique) et pour jouer jusqu'au bout à la "vieille dame"... prendre le thé sous les superbes Tiepolo c'est un plaisir qui ne se boude pas !!! autrefois il y avait là des scones inimitables, mais on y déguste encore d'excellentes pâitsseries !!!

25 janvier 2009

La Venise que nous aimons


© Malcbilton - YouTube

3 commentaires:

Michelle a dit…

It's a really nice video, isn't it?
:-)

la divine comédie a dit…

Ce matin dans l'émission "Esprit Critique" sur France Inter le petit reportage d'Eric Valmir ( journaliste dont vous avez déja parlé ici) consacré à l'ouverture de la saison 2009 de la Fenice était très plaisant !

Lorenzo a dit…

Eric Valmir est un excellent chroniqueur et il a su parfaitement appréhender l'Italie et les italiens, sans le mépris déguisé ou au mieux amusé de la plupart des journalistes français. Et en plus il écrit bien.

C'est aujourd'hui la fête de San Polo

L'Église fête aujourd'hui la conversion de l'apôtre Paul, appelé aussi San Paolo dei Segni ou San Paolon à Vénétie, pour le distinguer de San Paolo l'Ermite. Pour les vénitiens du temps de la Sérénissime, cette fête toujours célébrée le 25 janvier marquait la fin de l'hiver, quelques jours avant la Chandeleur partout ailleurs. Mêmes réjouissances mais plus tôt pour un peuple toujours impatient...
 
 
Jacopo Tintoretto, Ultima Cena, 1575,San Polo - © Apo43

A Venise, l'église qui lui est consacrée, San Polo, est une des plus anciennes de la ville, construite avant l'an mille (en 837), par les doges Pietro et Giovanni Tradonico. C'était le siège d'une des plus importantes et riches communautés religieuses de la République. 
 
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle on l'appelait San Polo del Tremuoto (Saint-Paul-du tremblement-de-terre) suite à l'importante séisme qui toucha la cité des doges le 25 janvier 1343 et fit beaucoup de victimes et de dégâts. Église riche de trésors et de sérénité. Les touristes parfois viennent s'y reposer et s'y rafraîchir. La plupart passent devant sans s'arrêter.
 
Il faut demander à voir dans la sacristie, le beau chemin de croix de Gian Domenico Tiepolo, dont voici quelques uns des panneaux :
 






(D'après "Tradizioni popolari veneziane e venete" de Antonio Niero).

24 janvier 2009

Le jardin oublié


Et si le personnage inventé par Hugo Pratt existait vraiment ? Si ses déambulations dans une Venise irréelle s'avéraient correspondre à une réalité, certes différente de celle que nous vivons chaque jour, mais bien matérielle aussi et palpable ? Si tout cela est vrai, ce jardin oublié, comme on en oublie dans les villes et dans la vie, existe vraiment et se promener sous les frondaisons de ses grands arbres au gré des allées qui serpentent sans limite apparente n'est pas un fantasme de rêveur romantique.
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C'est au bout d'une ruelle étroite, après un sottoportego bien sombre. On débouche sur une sorte d'étroit campiello entouré de murs. Une grande porte de bois noir avec un monstre simiesque en guise de heurtoir et son seuil de pierre bien usé. Elle s'ouvre péniblement en grinçant. Elle est lourde. On pénètre dans une jungle incroyable. De nombreux oiseaux qu'on n'entendait pas de l'autre côté gazouillent comme un jour de printemps. Tout parait sombre au premier regard. Puis les frondaisons se détachent peu à peu. On entend au loin les rumeurs de la ville, les bateaux sur les canaux, les cloches, un avion qui passe dans le ciel. Le vent fait cliqueter les branches et les feuilles. S'aventurer sur le chemin qui s'offre devant nos pas est un peu effrayant. Que va-t-on trouver au bout ? N'y aurait-il pas un de ces féroces et stupides chiens de garde qu'un maître jaloux de sa tranquillité aurait lâché soudain ? Non rien de tout cela. Un calme étrange. Des parfums champêtres font oublier les habituels remugles de la lagune. On oublie la proximité de la mer, le sel, les pierres de Venise. On est ailleurs. Dans un sous-bois, loin de la ville. Un banc de pierre sculptée est garni de mousse. 
 
Plus loin une statue qui a perdu un bras semble figée dans sa morosité. Un moineau perché sur son épaule dénudée lui susurre quelques consolations. La femme de pierre semble sourire. Un tulipier au tronc tordu comme un vieillard surgit là où le chemin bifurque. Un puits couvert d'une plaque de bronze trône au milieu d'une alcôve de buis et de lauriers. Un écureuil s'enfuit en nous voyant. Sur la droite le chemin grimpe un peu, des marches dont les contreforts sont en brique, mènent à une délicieuse petite fabrique qui aurait enchanté la reine Marie-Antoinette et le poète Chénier. A l'intérieur, une nymphe tient une amphore d'où l'eau ne sort plus depuis longtemps. Partout des essences rares, des traces de plantation mêlées aux herbes sauvages trop hautes. L'endroit parait abandonné.
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Pourtant, en se rapprochant de l'extrémité du jardin, en retrouvant les bruits habituels de la ville, on perçoit comme des rires d'enfants, des voix humaines. Derrière le bosquet de chênes et de cyprès mêlés, éclairé par un beau soleil, une table sous un parasol, des chaises de fer. Sur la table un grand plateau d'argent avec de la citronnade, un livre ouvert sur la banquette de rotin, un chapeau de paille... L'endroit est donc aussi vivant de la vie habituelle. Des femmes et des hommes comme vous et moi partagent avec les nymphes, les elfes et les oiseaux et tout le petit peuple de la nature, la jouissance heureuse de ce bois divin. Allons les rejoindre et nous imprégner de leur bonheur tranquille.